L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Emploi et main-d'oeuvre , Santé

Mieux-être au travail

— Mariella Collini

Si pour un bon nombre de travailleuses et de travailleurs, occuper leur emploi n’interfère pas avec leur sentiment de bien-être, pour d’autres, il peut cependant être synonyme de stress, de détresse et de harcèlement psychologique. Le présent article s’intéresse à différentes problématiques liées à la santé au travail en s’appuyant sur deux enquêtes de santé de même que des données administratives sur diverses lésions professionnelles.

 




Commençons avec le stress au travail. Avec des titres aussi évocateurs que « Le stress au travail : un défi collectif » et « Quatre-vingt-cinq pour cent des employeurs canadiens indiquent que le stress est l’enjeu principal en matière de santé et productivité », le stress au travail est l’un des sujets d’actualité qu’il ne faut pas négliger.

L’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC)1 réalisée en 2014 four-nit les données les plus récentes dispo-nibles sur la perception du stress ressenti au travail. En Abitibi-Témiscamingue, les personnes âgées de 15 à 74 ans affichent un degré de stress relativement élevé au travail; près du tiers d’entre elles (32 %) considèrent leurs journées de travail comme assez ou extrêmement stressantes. Bonne nouvelle cependant, le stress au travail vécu quotidiennement a diminué de manière significative dans la région, cette proportion étant établie à près de 39 % en 2007-2008.

La détresse psychologique au travail

L’Enquête québécoise sur la santé de la population 2014-20152 révèle que dans la région, environ 15 % des personnes de 15 ans et plus occupant un emploi rému-néré ont un niveau élevé de détresse psychologique liée à leur travail. Le rapport d’enquête indique qu’un travailleur a un niveau élevé de détresse psychologique liée au travail s’il se situe à un niveau élevé de détresse psychologique et si ses sentiments sont « Complètement » ou « Partiellement » reliés au travail.

Contrairement à ce qui prévaut à l’échelle du Québec, où les femmes sont plus nombreuses que les hommes à associer leurs sentiments de détresse psychologique à leur travail, l’écart n’est pas significatif dans la région (16 % c. 13,5 %). L’Enquête permet toutefois de constater que la conciliation difficile entre la vie professionnelle et la vie privée ainsi que la présence de harcèlement psychologique au travail sont associées d’une manière particulière à la détresse psychologique liée au travail.

Le harcèlement psychologique

Et justement, au chapitre du harcèlement psychologique, qu’en est-il en Abitibi-Témiscamingue? Toujours à partir de l’Enquête québécoise sur la santé de la population 2014-20152, on apprend que la majorité des travailleuses et des travailleurs n’a pas fait l’objet de harcèlement psychologique, c’est-à-dire subi des paroles ou des actes répétés dans le cadre de leur travail ayant porté atteinte à leur dignité ou à leur intégrité.

Néanmoins, approximativement 18 % des personnes salariées de la région ont dit avoir été exposés à de tels actes au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête. Parmi ceux-ci, 16 % se disent victimes de harcèlement psychologique à l’occasion et 2 %, souvent ou très souvent. On note que les femmes sont, en proportion, plus nombreuses à exprimer vivre une telle situation. Ainsi, 22 % des travailleuses et 11 % des travailleurs ont rapporté être victimes d’harcèlement psychologique sur une base occasionnelle.

Les lésions professionnelles

Selon les données de la direction régionale de la Commission des normes, de  l’équité, de la santé et de la sécurité au travail (CNESST), la région de l’Abitibi-Témiscamingue (incluant le Nord-du-Québec) comptait 1 936 dossiers de lésions professionnelles. Une lésion professionnelle est une blessure ou une maladie qui survient par le fait ou à l’occasion d’un accident de travail, ou une maladie professionnelle, y compris la récidive, la rechute ou l’aggravation.

À la lumière du tableau, si le nombre de dossiers acceptés tend globalement à diminuer entre 2013 à 2015, notamment en raison de la diminution des lésions attribuables à un accident, l’on constate que le nombre de dossiers imputables à une maladie professionnelle est, quant à lui, à la hausse.
En tenant compte de la taille de la population, l’Abitibi-Témiscamingue compte 15,7 lésions professionnelles par 1 000 habitants de 15 ans et plus. La région arrive ainsi au 3e rang des régions à détenir le plus grand nombre de lésions professionnelles, suivant les régions de Chaudière-Appalaches et de la Côte-Nord3.

Dossiers acceptés selon le type de lésions
> Abitibi-Témiscamingue, 2013 à 20151

 

Accident

Maladie professionnelle

Total

2015

1 730

206

1 936

2014

1 827

190

2 017

2013

1 897

162

2 059

1. Dossiers ouverts au cours de l’année civile (ou de référence) et acceptés au 1er mars de l’année suivante.
Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité au travail, Statistiques annuelles 2013 à 2015.


Sources : 

1. JOUBERT, Katrina et Rosanna BARALDI, La santé des Québécois : 25 indicateurs pour en suivre l’évolution de 2007 à 2014. Résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, ISQ, 2016.

 

2. CAMIRAND, Hélène, Issouf TRAORÉ et Jimmy BAULNE, L’Enquête québécoise sur la santé de la population, 2014-2015, Résultats de la deuxième édition, ISQ, 2016.

3. Institut de la statistique du Québec, Recueil des indicateurs de suivi de la Stratégie gouvernementale de développement durable 2015-2020 (annexe statistique).

 



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