L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Entrepreneuriat

Place à l'économie sociale

— Mariella Collini

Novembre est le mois de l’économie sociale. Alors que ce mode entrepreneurial propose diverses solutions aux défis auxquels font face les communautés, les entreprises d’économie sociale (EÉS) sont elles-mêmes confrontées à divers défis pour assurer leur développement. Constats qui émergent d’un sondage réalisé par l’Espace entrepreneuriat collectif (Espace EC) auprès d’entreprises collectives de l’Abitibi-Témiscamingue.




Après la pandémie et ses conséquences sur les entreprises de tous types, Espace EC a senti le besoin de reprendre contact avec les entreprises d’économie sociale de la région. Au moyen d’un sondage suivi de rencontres téléphoniques, une quarantaine d’entreprises collectives ont répondu à l’invitation. Réparties dans toutes les MRC de la région, elles font partie intégrante de la structure économique régionale, si l’on pense au plein air et au tourisme, aux services-conseils et au développement local, à l’économie circulaire, ou encore à la santé, à l’hébergement collectif ou communautaire, aux centres de la petite enfance (CPE), etc. Vingt EÉS répondantes se caractérisent par leur très petite taille (quatre employés et moins), offrant même, pour certaines, leurs biens et services grâce à l’implication bénévole uniquement. L’autre moitié compte entre 5 et 110 personnes salariées. Pour le chiffre d’affaires, 14 EÉS déclarent moins de 150 000 $, 7 entre 150 000 $ et 500 000 $ et 16 EÉS, plus de 500 000 $.

En plus des services et produits déjà offerts, plus de la moitié des EÉS répondantes manifestent le désir d’aller vers de nouveaux marchés, que ce soit pour desservir de nouvelles clientèles ou pour offrir des services bonifiés. L’innovation et la créativité s’inscrivent également dans les projets de développement pour la réduction des effets sur l’environnement ou pour accroître la maturité numérique. D’autres EÉS confirment être en processus de réflexion quant à leur expansion et développement.

Freins, besoins et défis au développement
Les EÉS participantes énumèrent plusieurs besoins et défis lorsqu’il s’agit de faire croître leur organisation et accroître leurs retombées dans la communauté. Il appert que l’économie sociale ou collective est encore méconnue et peu reconnue, ce qui pose des défis de promotion et de valorisation sur une base continue auprès des organisations publiques, privées et municipales, de même que de la population. Lors des échanges approfondis, des EÉS mentionnent une certaine méconnaissance des retombées de leur activité dans les milieux, sur le plan des services rendus ou des retombées économiques. La méconnaissance tend à contrecarrer la reconnaissance de leur fonctionnement, principes et expertise, rendant notamment difficile l’accès au financement (p. ex. : irrecevabilité de projets soumis) ou la croissance des revenus autonomes (p. ex. : accès aux appels d’offres d’organismes publics [approvisionnement en biens et services]).

En l’occurrence, un financement suffisant, récurrent et provenant de sources diversifiées est le deuxième besoin en impor-tance pour assurer la viabilité de l’entreprise pour une trentaine d’EÉS répondantes. Selon le cas, les ressources financières limitées atténuent la capacité à recruter, fidéliser et former la main-d’œuvre, à planifier et implanter la transformation numérique, à commercialiser les services et produits, à réseauter, à mettre en œuvre des stratégies de communication et de marketing, etc.

Au manque de ressources financières s’ajoutent les ressources humaines limitées, qu’elles soient salariées ou bénévoles. La petite taille des équipes accroît la difficulté des EÉS à maintenir une offre de services de proximité sur un aussi vaste territoire, à forte composante rurale. Au-delà d’une masse critique de RH, l’absence de certaines habiletés ou compétences ainsi que la difficulté d’assurer le transfert des connaissances fragilisent certaines EÉS. Alors qu’elles ne disposent pas des fonds nécessaires pour maximiser les compétences du personnel, les besoins de formation sont diversifiés : analyse de besoins, analyse de données, gestion des risques, comptabilité, commercialisation, nouvelles technologies et transformation numérique, etc. Dans le contexte de rareté et de mobilité de la main-d’œuvre, la mutualisation des ressources humaines entre les EÉS est une piste à explorer. Cette forme d’alliance pourrait s’étendre aux ressources matérielles (prêt/partage de bureaux, d’équipements, d’outils numériques, etc.).

Vingt-huit EÉS participantes expriment leur besoin à l’égard du réseautage et du parte-nariat local et régional pour contribuer aux solutions collectives pouvant répondre aux défis et enjeux liés à l’occupation du terri-toire (mobilisation communautaire, conditions favorables à l’attraction et à l’établisse-ment durable [habitation, services de garde, transport, etc.], agriculture et sécurité alimentaire).

Sources : Espace EC, Sondage sur les entreprises collectives - printemps 2023 et propos tenus lors de l’Assemblée générale annuelle d’Espace EC
(6 septembre 2023).



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