L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Santé

Soutenir la santé mentale

— Étienne Désy-Massé

Plus d’un dixième de la population de la région vivait avec un trouble de santé mentale en 2019-2020. L’accessibilité aux services  en santé mentale représente encore un défi pour certaines personnes. Aperçu de la prévalence des troubles mentaux et de l’accès aux services publics et communautaires dans la région.




En 2019-2020, avant la pandémie, 13 % de la population régionale âgée d’un an et plus était diagnostiquée d’un trouble mental1, une proportion légèrement supérieure au reste du Québec (11 %). La prévalence était un peu plus élevée du côté féminin que masculin (15 % c. 12 %). Toutefois, chez les jeunes (1 à 17 ans), les garçons étaient plus touchés que les filles (15 % c. 11 %). Un peu plus de la moitié des cas de troubles mentaux diagnostiqués dans la région était des troubles anxiodépressifs.

SERVICES PUBLICS ET DÉLAIS
Les services publics en santé mentale sont dispensés par le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue (CISSS-AT). Les personnes entrent par les services de première ligne, ce qui comprend les services courants (relation d’aide, thérapies, diagnostics, etc.). Des personnes présentant des problématiques plus complexes ont ensuite recours aux services davantage spécialisés de deuxième ligne.

Le CISSS-AT observe des enjeux d’accessibilité tant en première qu’en deuxième ligne, comme l’illustrent des délais d’attente pour obtenir un rendez-vous. Encadrés par des recommandations gouvernementales, les délais d’attente varient en fonction de trois degrés de priorité établis selon l’évaluation de l’état mental du patient. Ces niveaux de priorité, du plus au moins important, représentent les personnes en crise affichant un danger imminent pour elles-mêmes et les autres (1) et les personnes à risque d’atteinte à leur intégrité, leur santé et sécurité dans l’immédiat (2) ou à moyen terme en l’absence d’intervention (3).

Les délais prescrits pour rencontrer les personnes correspondant aux premier et deuxième niveaux de priorité (2 et 10 jours) sont généralement respectés par le CISSS-AT. Cependant, le délai prescrit pour les personnes au troisième niveau de priorité (30 jours) est largement dépassé. Ainsi, le délai moyen pour obtenir un rendez-vous en première ligne, tous niveaux de priorité confondus, s’établissait à 142 jours dans la région en septembre 2021.

En ce qui concerne les services de deuxième ligne, le temps moyen d’attente pour un rendez-vous en santé mentale était plus court qu’en première ligne et se situait entre 0 et 10 jours dans la région, excepté à Rouyn-Noranda (327 jours). La cause principale derrière ce délai moyen beaucoup plus élevé à Rouyn-Noranda était une pénurie de psychologues en deuxième ligne : un seul travaillait sur place en plus d’aider ses collègues de Val-d’Or.

Nombre moyen de jours d’attente pour obtenir un rendez-vous en santé mentale par ligne de service
> Abitibi-Témiscamingue, septembre 2021

 

Première ligne

Deuxième ligne

Amos

100

0

La Sarre

178

10

Rouyn-Noranda

197

327

Témiscamingue

67

10

Val-d’Or

168

4

Région

142

88

Source : CISSS-AT, Entretiens avec la direction des programmes de santé mentale et de dépendances, 29 septembre 2021.

Alors que les données sur la prévalence des troubles de santé mentale en temps de pandémie ne sont pas encore disponibles, le CISSS-AT constate néanmoins que les personnes tendent à consulter plus tardivement. La présence de problématiques plus sévères nécessite une intervention de plus longue durée, ce qui augmente le temps moyen consacré aux suivis et retarde la prise en charge de nouveaux patients. Toutefois, le CISSS-AT fait réévaluer régulièrement ces personnes en attente pour s’assurer qu’elles sont classées dans les niveaux adéquats de priorité médicale.

ORGANISMES COMMUNAUTAIRES
En 2020-2021, 25 organismes en santé mentale ont reçu 4,0 M$ du CISSS-AT dans le cadre du Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC), une augmentation de 13 % comparativement à 2019-2020. Dans le contexte pandémique, ces organismes ont dû repenser leurs services face à la hausse de la fréquentation, l’arrivée de nouveaux usagers et l’adaptation aux mesures sanitaires en tentant de maintenir le plus possible le présentiel puisqu’une partie de la clientèle est peu familière avec l’informatique.

SANTÉ ÉTUDIANTE

Les résultats d’un sondage effectué en décembre 2020 auprès de la communauté étudiante de l’UQAT montrent que près des deux tiers des personnes étudiantes interrogées ont constaté que leur santé mentale se portait moins bien depuis mars 2020 (64 %) et ont affirmé ne pas connaître les services psychosociaux de l’UQAT (60 %). Par ailleurs, presque la moitié des personnes sondées dont la santé mentale s’est dégradée (46 %) ont affirmé avoir songé à décrocher.

Source : AGEUQAT, Résultats d'un sondage interne du 1er au 14 décembre 2020, 2021.

Notes :
1. Comprend les troubles anxiodépressifs, l’hyperactivité, le retard de développement, les abus de substances psychoactives, les troubles psychotiques et les troubles de la personnalité.

Sources :
CISSS-AT, Demande d’information, Rapports annuels de gestion et Vivre avec un problème de santé mentale en Abitibi-Témiscamingue, 2021.
Table de concertation régionale des organismes communautaires alternatifs en santé mentale de l’Abitibi-Témiscamingue (TCROCASMAT), Entretien avec la présidente, 30 septembre 2021. 



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