L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Santé

La pandémie au quotidien

— Mariella Collini

Rarissimes sont les données régionalisées sur les répercussions de la pandémie de COVID-19 et des mesures sanitaires sur la vie de la population. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) vient de pallier partiellement ce manque avec la diffusion de certains résultats obtenus dans le cadre de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP) 2020-2021.




Réalisée à tous les six ans, l’EQSP est une enquête qui porte sur plusieurs sujets de santé et de bien-être. Parmi les 45 000 personnes répondantes à l’enquête, 7 275 d’entre elles, dont 438 en Abitibi-Témiscamingue, ont répondu à un volet spécifique au contexte particulier de la pandémie entre novembre 2020 et avril 2021. Cette période coïncide avec le maintien de mesures sanitaires, le couvre-feu, l’obligation de télétravail, les fermetures d’écoles, etc.

Satisfaction à l’égard de la vie sociale et inquiétudes ressenties
Les deux tiers des personnes de la région se disent moins satisfaites de leur vie sociale depuis le début de la pandémie. Il s’agit d’une part significativement moins élevée que dans le reste de la province. Les cinq régions qui ont des proportions moindres que la moyenne provinciale sont toutes des régions dites « ressources ». Il serait toutefois mal avisé de croire que la COVID-19 n’a pas été une source d’inquiétude pour soi ou pour une personne proche. Plus de 70 % des gens se sont inquiétés pour la santé d’un proche à risque et 56 % pour leur propre santé, ce qui est similaire au reste du Québec. Dans la région, proportionnellement beaucoup moins de personnes (48 %) se sont inquiétées pour la santé d’un proche qui n’était pas à risque.

Liens avec la détresse psychologique
Parmi les personnes qui se situent au niveau élevé de l’échelle de détresse psychologique, 80 % ont attribué, en totalité ou en partie, à la pandémie les émotions négatives ressenties (anxiété, stress, état dépressif, etc.).

Modifications des habitudes de vie
Durant la pandémie, les personnes de la région ont été moins enclines à modifier la fréquence de leur activité physique. Ainsi, 32 % ont affirmé l’avoir diminuée, alors que 9 % ont dit l’avoir augmentée, ce qui est, pour l’un comme pour l’autre, significativement moins élevé que dans le reste du Québec. Même si certaines personnes ont profité de la pandémie pour diminuer leur consommation de cigarettes (3 %), d’alcool (15 %) ou de cannabis (2 %), d’autres ont indiqué, dans des proportions similaires au reste du Québec, avoir fumé davantage (4 %) et consommé plus d’alcool (13 %) et de cannabis (2,8 %**).

Répercussions sur la situation d’emploi
La pandémie a affecté la situation d’emploi d’un grand nombre de travailleuses et de travailleurs. De manière similaire au reste du Québec, 63 % des personnes en Abitibi-Témiscamingue ont été touchées, d’une manière ou d’une autre, dans leur vie professionnelle. Pour une durée temporaire ou définitive, plus d’une personne sur quatre (27 %) a perdu son emploi ou a été contrainte de fermer son entreprise. Le contexte de pandémie a transformé de façon inattendue la façon de travailler de certains, alors que 18,5 % ont dû s’adapter au télétravail.

N’étant ni plus ni moins nombreux que dans le reste du Québec, 22 % des personnes de la région ont ressenti des inquiétudes quant à leur capacité à concilier la garde des enfants, l’enseignement à la maison et le travail, qu’il soit ou non réalisé à domicile. L’enquête révèle qu’au Québec, les personnes ayant dû faire du télétravail (40 %) se sont dites plus inquiètes quant à la conciliation famille, études et travail que celles qui travaillaient à l’extérieur (29 %).

Répercussions sur la situation financière
Au chapitre du revenu, 21 % des personnes de la région ont eu des difficultés, à divers degrés, à respecter leurs obligations financières ou à répondre à leurs besoins essentiels (loyer ou hypothèque, services publics, alimentation, etc.). Il s’agit d’une part significativement moins élevée que dans le reste du Québec (26 %). À l’échelle provinciale, les personnes qui ont perdu leur emploi ont été plus nombreuses, en proportion, à avoir vécu des difficultés financières que celles ayant conservé leur emploi (49 % c. 22 %).

Certains indicateurs caractérisant les répercussions de la COVID-19 sur la santé, la détresse psychologique, la situation financière et l’emploi
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, novembre 2020 à avril 2021

 

Abitibi-Témiscamingue

Ensemble du Québec

Diminution de la satisfaction à l’égard de sa vie sociale

66,2 % (-)

76,7 %

Liens entre la détresse psychologique et la pandémie de COVID-19

  - Complètement reliés

  - Partiellement reliés

  - Aucunement reliés

 

 

23,5 %*

56,7 %

19,8 %

 

 

30,0 %

55,5 %

14,4 %

Répercussions sur les obligations financières

20,8 % (-)

25,7 %

Répercussions sur la situation d’emploi

62,9 %

67,7 %

Notes : (+)/(-) Proportion significativement supérieure (+) ou inférieure (-) au seuil de 0,05 entre la région et le reste de la province.
* Coefficient de variation entre 15 % et 25 % : interpréter avec prudence. ** Coefficient de variation supérieur à 25 %; estimation fournie à titre indicatif seulement
Ensemble des personnes de 15 ans et plus vivant dans un logement privé au Québec, à l’exclusion des personnes résidant dans les réserves indiennes.

Source : Institut de la statistique du Québec, Répercussions de la pandémie sur la vie sociale, la santé mentale, les habitudes de vie et la réalité du travail des Québécois, volet de l’Enquête québécoise sur la santé de la population (EQSP)  2021, octobre 2021. 



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