L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Démographie

Faible croissance démographique

— Mariella Collini

Il y a quelques semaines, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) dévoilait ses plus récentes estimations de population pour l’ensemble des régions et des MRC du Québec. Si l’Abitibi-Témiscamingue enregistre quelques centaines de personnes de plus au 1er juillet 2022 qu’à pareille date en 2021, les gains demeurent nettement en deçà de ceux de la majorité des régions du Québec. Coup d’oeil sur le bilan démographique et sur certaines des composantes qui expliquent les récentes tendances.




Le compte de population de l’Abitibi-Témiscamingue se situe à 148 493 personnes, tel que l’indiquent les données provisoires de 2022 publiées par l’Institut de la statistique du Québec (ISQ). Entre les 1er juillet 2021 et 2022, la population régionale a gagné quelque 330 personnes, ce qui correspond à un taux d’accroissement annuel de 0,2 %. Il s’agit d’un taux 5 fois moins élevé que celui de la province (1,1 %).

COMPOSANTES DÉMOGRAPHIQUES
Deux grandes composantes influencent les variations démographiques d’une région : l’accroissement naturel, soit la différence entre les naissances et les décès, et le solde migratoire total, soit l’écart entre les arrivées et les départs. Cette composante englobe la migration interne, soit les mouvements de personnes entre les régions du Québec (encadré de la page 3), et la migration externe, soit le solde de personnes en provenance ou à destination d’autres provinces et pays (incluant les résidents non permanents). Pour 2021-2022, la croissance démographique de la région repose davantage sur les gains migratoires réalisés en provenance de l’extérieur du Québec, notamment l’apport de personnes immigrantes et de résidents non permanents, suivis, dans une moindre mesure, de personnes arrivant d’autres provinces canadiennes. Ce solde de migration externe, par ailleurs « le plus élevé pour la région depuis que les données sont disponibles, soit depuis 2001-2002 »1, a pallié les pertes migratoires de la région dans ses échanges avec les autres régions du Québec (encadré de la page 3).

ÉVOLUTION SUR 10 ANS
Si on regarde le récent bilan quinquennal 2017-2022, on observe 884 personnes de plus (0,6 %), soit environ 177 personnes supplémentaires, en moyenne, annuelle-ment. Le rythme de croissance s’est accéléré en comparaison avec la période 2012-2017, où l’augmentation avoisinait 210 personnes (0,1 %), soit une quarantaine de personnes de plus, en moyenne, par an. Comme les taux d’accroissement annuels de la région sont inférieurs aux taux de la majorité des autres régions de la province, le rang occupé par l’Abitibi-Témiscamingue au chapitre de la croissance démographique est passé du 14e rang (2012-2017) au 16e rang (2017-2022) sur 17 régions.

COMPARAISON AVEC LES AUTRES RÉGIONS
À l’échelle du Québec, il s’avère que pour 2022, toutes les régions, à l’exception de la Côte-Nord, ont connu une croissance de la population par rapport à 2021. Quant au dynamisme démographique des régions éloignées, les six figurent parmi les neuf régions administratives qui détiennent un taux de croissance inférieur à celui de la province en 2021-2022. Nonobstant ce constat, la performance soutenue des régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean (0,8 %), du Bas-Saint-Laurent (0,7 %) et du Nord-du-Québec (0,6 %) a contribué à une augmentation de 0,5 % de la population vivant dans les régions éloignées entre 2021 et 2022. Néanmoins, le poids démographique des régions éloignées dans l’ensemble du Québec s’effrite lente-ment, étant passé de 10,9 % en 2009 à 9,9 % en 2022.

APERCU DE LA CONJONCTURE PAR MRC

> MRC d’Abitibi
Avec une population atteignant provisoi-rement 25 050 personnes en 2022, la MRC d’Abitibi enregistre un bilan positif pour une 3e année consécutive. Toutes les composantes démographiques ont contribué au gain net de 105 personnes par rapport à 2021. Néanmoins, l’évolution de l’accroissement naturel sera une composante à surveiller, au moment où il frôle le point de bascule, avec une hausse du nombre de décès et une baisse des naissances en 2021. Si on regarde l’évolution à long terme, la MRC d’Abitibi a vu son rythme de croissance s’atténuer légèrement entre 2012-2017 (+1,0 %) et 2017-2022 (+0,6 %). Comme d’autres MRC du Québec ont enregistré des taux de croissance plus élevés, la MRC est passée du 53e au 90e rang sur 104 MRC.

> MRC d’Abitibi-Ouest
Depuis 2018, la population d’Abitibi-Ouest fluctue à la hausse et à la baisse, pour un décompte provisoire de 20 454 personnes en 2022, en recul de -0,6 % par rapport au 1er juillet 2021. Le territoire s’inscrit au nombre des 8 MRC du Québec où le nombre d’habitants a diminué en 2021-2022. Le solde migratoire externe légèrement positif n’aura pas suffi à pallier l’accroissement naturel négatif (plus de décès que de naissances) et les échanges déficitaires avec les autres régions du Québec. Sur deux périodes quinquennales, la MRC d’Abitibi-Ouest a vu son rythme de décroissance s’atténuer entre 2012-2017 (-2,8 %) et 2017-2022 (-0,4 %). Néanmoins, en raison de meilleures performances d’autres MRC du Québec, son rang est passé du 82e au 95e sur 104 MRC.

> MRC de La Vallée-de-l’Or
Pour une cinquième année d’affilée, la MRC de La Vallée-de-l’Or enregistre une hausse de sa population. Avec 43 288 personnes au 1er juillet 2022, la MRC a réalisé un gain provisoire de 0,3 %. Cette situation favorable repose sur l’accroissement naturel et le solde migratoire externe qui sont tous les deux positifs et suffisamment élevés pour combler les pertes migratoires au profit des autres régions du Québec. À ce chapitre, la MRC est déficitaire depuis dix ans dans ses échanges avec les autres régions du Québec. Au cours des dernières années, la MRC est passée d’une décroissance de -0,4 % entre 2012-2017 à une croissance de 1,1 % entre 2017-2022. Ici aussi, en raison de perfor-mances plus significatives d’autres MRC, la Vallée-de-l’Or est passée du 64e au 80e rang sur 104 MRC du Québec.

> Ville de Rouyn-Noranda
Avec une population atteignant provisoirement 43 073 personnes en 2022, la Ville de Rouyn-Noranda semblerait renouer avec la croissance (+0,2 %) après un revers de courte durée en 2021. La récente amélioration serait due à l’accroissement naturel, aux résidents non permanents et, dans une moindre mesure, à l’immigration. Toutefois, le solde fortement déficitaire des déplacements entre la Ville de Rouyn-Noranda et les autres régions du Québec aura réduit les gains. Sur deux périodes quinquennales, la Ville a vu son rythme de croissance décélérer considérablement entre 2012-2017 (+2,8 %) et 2017-2022 (+0,5 %), passant ainsi du 39e au 91e rang sur les 104 MRC.

> MRC de Témiscamingue
Le Témiscamingue poursuit la croissance amorcée en 2019, avec une augmentation de la population de 0,8 % entre 2021 et 2022, pour totaliser un compte provisoire de 16 034 personnes. Il s’agit par ailleurs de la plus forte variation parmi les MRC de la région. À l’exception de l’accroissement naturel, qui s’avère négatif pour une quatrième année consécutive, les autres composantes ont toutes affiché des gains nets. En fait, les gains réalisés en provenance d’autres provinces canadiennes et d’autres régions du Québec ont considérablement contribué à la hausse annuelle de la population de 133 personnes. Avec ce récent regain démographique, le Témiscamingue a renversé la tendance à la décroissance affichée pour la période 2012-2017 (-2,7 %) par une croissance de population pour la période 2017-2022 (+0,8 %). Les gains étant récents, le Témiscamingue est néanmoins passé du 79e au 89e rang sur les 104 MRC.  

Population, variation et rang provincial pour diverses périodes et composantes explicatives du bilan démographique
> MRC de l’Abitibi-Témiscamingue, périodes entre 2012 et 2022p et année 2022p

 

Population en 2022p

Variation

2021-2022

Situation récente 2021-2022

Sous-composantes démographiques favorables (+) ou défavorables (-)

Variation 2017-2022

Rang provincial

2017-2022

Variation 2012-2017

Solde de l’accroissement naturel

Solde de la migration interne

Solde de la migration externe totale

Abitibi

25 050

0,4 %

+

+

+

0,6 %

90e sur 104

1,0 %

Abitibi-Ouest

20 454

-0,6 %

-

-

+

-0,4 %

95e sur 104

-2,8 %

La Vallée-de-l’Or

43 882

0,3 %

+

-

+

1,1 %

80e sur 104

-0,4 %

Rouyn-Noranda

43 073

0,2 %

+

-

+

0,5 %

91e sur 104

2,8 %

Témiscamingue

16 034

0,8 %

-

+

+

0,8 %

89e sur 104

-2,7 %

Région

148 493

0,2 %

+

-

+

0,6 %

16e sur 17

0,1 %

 Sources : Statistique Canada. Composantes de l’accroissement démographique, selon la région économique et selon la division de recensement; Institut de la statistique du Québec (ISQ), à partir des Estimations démographiques annuelles (régions infraprovinciales de Statistique Canada), janvier 2023.
Compilation et adaptation : Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue.
Note 1 : ISQ, Fiches démographiques – Les régions administratives du Québec, 2023.

 

MIGRATION INTERRÉGIONALE : DÉFICITS RÉCURRENTS

Il faut remonter en 2010-2011 et 2011-2012 pour observer des gains nets dans les échanges migratoires entre l’Abitibi-Témiscamingue et le reste du Québec. Depuis, la région enregistre systématiquement plus de départs qu’elle ne compte d’arrivées en provenance d’autres régions du Québec. Plus récemment, soit pour les deux années qui ont suivi le début de la pandémie, l’Abitibi-Témiscamingue figure parmi les six régions à ne pas avoir profité du nombre record de déplacements de la population en 2020-2021 (232 000) et de ceux réalisés en 2021-2022 (206 700).

En 2021-2022, 1 879 personnes sont venues s’installer dans la région, contre 2 135 qui l’ont quittée pour s’établir ailleurs au Québec. Le bilan migratoire négatif est de 256 personnes, ce qui correspond à un déficit de -0,2 % en proportion de sa population. Ce même bilan était de -205 personnes l’année précédente (-0,1 %). Si, à première vue, la situation migratoire s’est dégradée, le déficit 2021-2022 reste l’un des moins élevés enregistrés dans la région depuis les dix dernières années. Le déficit migratoire de la région pour la dernière année est attribuable à la diminution des entrants, puisque la région a enregistré moins de sortants.

Au cours des dernières années, le taux de sortie, soit le nombre de sortants de la région au prorata de la population, se maintient parmi les trois taux les plus bas enregistrés au sein des régions du Québec, signe que la région maintient une capacité de rétention qui lui est favorable. Inversement, le taux d’entrée, soit le nombre d’entrants dans la région en proportion de la population, se classe toujours en fin de peloton des régions du Québec (16e rang), signe que la capacité d’attraction demeure un défi constant.

Une conjoncture migratoire interrégionale difficile pour trois MRC de la région

Selon l’ISQ, 16 MRC – dont 3 de l’Abitibi-Témiscamingue – figurent au palmarès des MRC perdantes en 2021-2021 sur l’ensemble des 104 MRC du Québec. Au prorata de leur population, les territoires de Rouyn-Noranda et d’Abitibi-Ouest ont accusé davantage de pertes nettes en 2021-2022 que les quatre années précédentes. Avec une légère amélioration de son solde négatif, la MRC de La Vallée-de-l’Or est revenue à un taux net de migration similaire à ceux qui précédaient l’année 2020-2021. Seules les MRC d’Abitibi et de Témiscamingue ont fait belle figure à ce chapitre.

Source : ISQ, La migration interrégionale au Québec en 2021-2022, publication et données.

 

 

 

 

 

 

 



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