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Cohésion, participation et démocratie
Contrevenir à la loi
Le volume de crimes déclarés par la police en Abitibi-Témiscamingue a enregistré un recul pour une deuxième année consécutive en 2017, d’après un récent rapport publié par le ministère de la Sécurité publique. Bien que le taux de criminalité ait diminué de 3 % par rapport à 2016 en Abitibi-Témiscamingue, il demeure supérieur à la moyenne québécoise. Afin de soutenir les milieux dans leurs efforts pour améliorer la sécurité de la population, voici un bref portrait de la criminalité.
De par sa nature, le crime est difficile à mesurer. Aucune source de données ne fournit un portrait exhaustif de tous les crimes perpétrés à l’échelle du pays. Cela dit, les statistiques officielles présentent un portrait du nombre d’affaires criminelles déclarées, lorsque jugées fondées, par les organisations policières. Les infractions peuvent être portées à leur attention ou être détectées dans le cadre de leurs opérations. Les statistiques officielles sont comptabilisées selon l’infraction la plus grave survenue lors d’un événement criminel. Cette manière de comptabiliser engendre une sous-estimation des crimes les moins graves.
En Abitibi-Témiscamingue, en 2017, les services de police ont enregistré 5 622 infractions au Code criminel réparties en 3 grandes catégories que sont les délits contre la personne, les délits contre la propriété et les autres infractions. Il s’agit de 189 infractions criminelles de moins que l’année précédente (5 811).
> Taux de criminalité global
Le taux de criminalité permet de relativiser le nombre d’infractions enregistrées au Code criminel sur un territoire en fonction de la population résidente (par 100 000 habitants) de manière à mieux comparer la situation criminelle des différentes régions. Les infractions relatives à la conduite de véhicules prévues au Code criminel sont exclues du calcul servant à établir le taux de criminalité.
Avec un taux de criminalité établi à 3 801,0 par 100 000 en 2017, l’Abitibi-Témiscamingue se situe au-dessus de la moyenne provinciale (3 221,6) et des taux respectifs de 14 autres régions du Québec. En d’autres mots, l’Abitibi-Témiscamingue se classe parmi les régions qui, proportionnellement, apparaissent davantage affectées par la criminalité en général. Les régions ayant les plus hauts taux de criminalité sont par ordre décroissant d’importance : la Côte-Nord, Montréal et l’Abitibi-Témiscamingue. Précisons que l’ordre ou le rang octroyé à une région ne renseigne par sur le degré de « dangerosité » de la criminalité sur ce territoire, mais plus simplement sur son incidence.
Quant à l’évolution du taux de criminalité depuis 2012, le tableau montre une tendance générale à la baisse, hormis des hausses ponctuelles en 2015 en Abitibi-Témiscamingue et en 2017 au Québec.
Évolution du taux de criminalité global
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2012 à 2017p
|
Abitibi-Témiscamingue |
Ensemble du Québec |
2017p |
3 801,0 |
3 221,6 |
2016 |
3 929,3 |
3 202,4 |
2015 |
3 996,0 |
3 319,6 |
2014 |
3 788,7 |
3 429,4 |
2013 |
4 071,5 |
3 793,3 |
2012 |
4 505,2 |
4 239,7 |
Notes : p : Données provisoires. Le taux de criminalité exclut les infractions relatives à la conduite de véhicules prévues dans le Code criminel et les infractions à d’autres lois fédérales (ex. relatives aux drogues) et provinciales. Source : Ministère de la Sécurité publique. Données du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC 2) à partir de la Carte interactive sur la criminalité par région administrative (consultée en août 2020) et Statistiques criminalité au Québec – Principales tendances 2017, 2020.
Voyons maintenant le portrait détaillé et les variations observées pour chacune des catégories d’infractions au Code criminel.
Infractions contre la personne
En 2017, 2 339 infractions contre la personne (voie de fait, menace, vol qualifié ou extorsion, agression sexuelle, harcèlement criminel, enlèvement, homicide, etc.) ont été déclarées par la police en Abitibi-Témiscamingue, soit une diminution de 86 infractions par rapport à 2016. Bien que la région ait vu son taux d’infractions contre la personne diminuer de 4 % de 2016 à 2017, il demeure nettement supérieur (1 581,4) à celui de l’ensemble du Québec (972,1). Le taux positionne l’Abitibi-Témiscamingue au 2e rang des régions à détenir les plus hauts taux d’infractions dans cette catégorie.
Infractions contre la propriété
Les crimes contre la propriété regroupent les vols (biens, argent, véhicules), les introductions par effraction, les fraudes et méfaits, etc. Dans la région, le volume et le taux d’infractions contre la propriété sont demeurés relativement stables par rapport à 2016. Ainsi, 2 493 infractions ont été déclarées, équivalant à un taux de 1 685,5 par 100 000 habitants. ll s’agit de la seule catégorie dans laquelle le taux d’infractions est inférieur à la moyenne provinciale (1 813,1). L’Abitibi-Témiscamingue se positionne au milieu du peloton (9e rang) des 17 régions administratives du Québec.
Autres infractions
Les infractions de cette catégorie sont notamment liées à l’administration de la justice, aux armes à feu et aux autres armes, à la prostitution, etc. Bien que l’Abitibi-Témiscamingue ait enregistré la diminution la plus importante (-10 %) du taux d’infractions pour cette catégorie à l’échelle québécoise, elle affiche un taux de 534,1 infractions, ce qui demeure plus élevé que la moyenne provinciale (436,6). Au prorata de la population, l’Abitibi-Témiscamingue est parmi les régions les plus touchées du Québec pour cette catégorie d’infractions.
Infractions relatives à la conduite de véhicules
En 2017, les corps policiers ont déclaré sur le territoire de l’Abitibi-Témiscamingue un peu plus de 1 300 affaires de conduite avec les facultés affaiblies (alcool, drogue, etc.) et autres délits de la route (conduite dangereuse, délit de fuite, etc.), soit un nombre similaire à celui de l’année précédente. Le taux régional est demeuré relativement stable (-0,5 %), s’établissant à 880,9, ce qui est nettement au-dessus de la moyenne provinciale (473,9). L’Abitibi-Témiscamingue arrive en 3e position des régions québécoises avec une forte incidence de ces infractions au prorata de la population.
Infractions relatives aux drogues et autres substances
Ne faisant pas partie du Code criminel, une dernière grande catégorie comprend les infractions relatives à la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRCDAS). Ces dernières ont trait, entre autres, à la production, à la possession et au trafic de drogues et d’autres stupéfiants. Il est à noter que les données rapportées dans cet article dressent l’évolution des infractions de cette catégorie qui ont eu lieu avant la légalisation du cannabis survenue en 2018.
Ainsi, toujours pour 2017, plus de 630 infractions relatives aux drogues et aux autres substances ont été déclarées en Abitibi-Témiscamingue, ce qui représente un volume similaire à l’année précédente. Pour cette catégorie d’infractions aussi, le taux régional établi à 426,6 infractions par 100 000 habitants est beaucoup plus élevé que celui du Québec, se situant à 244,4 infractions. Au prorata de la population, l’Abitibi-Témiscamingue est d’ailleurs la région où l’on compte le plus grand nombre d’infractions relatives aux drogues à l’échelle du Québec.
Nombre et taux d’infractions selon les catégories
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2016 et 2017p
|
Abitibi-Témiscamingue |
Ensemble du Québec |
|||
Nombre |
Taux |
Taux |
|||
2016 |
2017p |
2016 |
2017p |
2017p |
|
Infractions au Code criminel |
5 811 |
5 622 |
3 929,3 |
3 801,0 |
3 221,6 |
Infractions contre la personne |
2 425 |
2 339 |
1 639,8 |
1 581,4 |
972,1 |
Infractions contre la propriété |
2 500 |
2 493 |
1 690,5 |
1 685,5 |
1 813,1 |
Autres infractions |
886 |
790 |
599,1 |
534,1 |
436,6 |
Infractions relatives à la conduite de véhicule |
1 309 |
1 303 |
885,0 |
880,9 |
473,9 |
Infractions relatives aux drogues et aux autres substances |
633 |
631 |
428,0 |
426,6 |
244,4 |
Notes : Les données sur les statistiques criminelles de 2017 (qui sont provisoires) ont été enregistrées avant le 1er mai 2018 et les données 2016 ont été actualisées et sont définitives. La majorité des corps de police autochtones du Québec ne déclarent pas la criminalité au format de la version 2.2 du Programme de déclaration uniforme de la criminalité (DUC). Pour les cinq corps de police autochtones qui le font à ce format, leurs données sont intégrées aux données provinciales.
Le taux de criminalité mesure la criminalité en fonction de l’infraction la plus grave dans l’affaire criminelle.
Source : Ministère de la Sécurité publique, Statistiques criminalité au Québec - Principales tendances 2017, 2020.
Violences conjugales et sexuelles
Le Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue compile et diffuse des données sur la violence en contexte conjugal ainsi que sur les agressions sexuelles. Pour ces deux types de violence contre la personne, l’Abitibi-Témiscamingue se compare désavantageusement à l’ensemble du Québec. Il importe de garder à l’esprit que les infractions sexuelles et la violence en contexte conjugal demeurent des phénomènes sous-déclarés aux autorités.
Concernant la violence en contexte conjugal, l’Abitibi-Témiscamingue présente un taux de 439 victimes par 100 000 personnes pour la période 2015 à 2017, ce qui diffère significativement du taux provincial (280). Proportionnellement, les femmes sont 3,4 fois plus souvent victimes de violence conjugale que les hommes. Tous les territoires de MRC de la région, à l’exception de la Ville de Rouyn-Noranda, se caractérisent par une situation plus défavorable que celle de l’ensemble du Québec.
Au chapitre des infractions sexuelles, durant les années 2015 à 2017, l’Abitibi-Témiscamingue présente un taux de 129 victimes par 100 000 personnes, ce qui est significativement supérieur au taux québécois de 77. Selon les données tirées du CISSSAT, les jeunes de moins de 18 ans sont proportionnellement 10,5 fois plus souvent victimes d’infractions sexuelles que les adultes (données non montrées).
Taux annuel moyen de victimes de violence commise dans un contexte conjugal et d’infractions sexuelles
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2015 à 2017
|
Taux de victimes de violence conjugale par 100 000 personnes |
Taux de victimes d’infractions sexuelles par 100 000 personnes |
||||
Femmes |
Hommes |
Sexes réunis |
Femmes |
Hommes |
Sexes réunis |
|
Région |
683 |
204 |
439 |
238 |
n.d |
129 |
Québec |
431 |
127 |
280 |
132 |
n.d |
77 |
Note : Toutes les différences entre les taux régional et provincial sont statistiquement significatives. Source : Centre intégré de santé et des services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue. Portrait de santé – Déterminants de la santé – Volet Adaptation sociale (consulté en août 2020).
ÉLÉMENTS PROSPECTIFS
Plusieurs facteurs peuvent avoir une incidence sur les statistiques des crimes déclarés par la police. L’évolution de divers facteurs démographiques, sociaux et économiques, les modifications législatives, les progrès technologiques, les perceptions et attitudes du public, les pratiques des services de police en sont quelques-uns. Dans ce contexte, il sera intéressant de voir quels rôles joueront les mouvements de dénonciation (#moiaussi), les cyberattaques (ministères, organisations bancaires, etc.), l’adoption de la Loi sur le cannabis en 2018 voire les impacts de la pandémie de la COVID-19 sur les statistiques officielles de la criminalité dans la région.