L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Ressources hydriques , Santé

Paradoxes de l'eau potable

— Mariella Collini

Près de 30 % de la population de l’Abitibi-Témiscamingue s’alimente en eau souterraine à partir d’un puits domestique. Or, bien que l’analyse des paramètres physico-chimiques et microbiologiques soit recommandée, encore très peu de propriétaires de puits font analyser la qualité de leur eau potable.

 




Entre 2015 et 2017, des analyses de l’eau de quelque 300 puits domestiques répartis sur l’ensemble du territoire ont révélé qu’un peu plus du tiers ne respectaient pas les seuils établis pour protéger des effets à la santé pour au moins un paramètre physico-chimique (arsenic, cadmium, cyanures, manganèse, plomb, nitrites-nitrates, etc.). Selon les normes gouvernementales en vigueur et les seuils de la U.S. Environmental Protection Agency (US EPA), des concentrations élevées d’arsenic et de manganèse ont été mises en évidence pour respectivement 12,4 % et 25 % des puits. D’autres contaminants, tels l’uranium et le plomb, ont également été mesurés dans les puits, mais dans une plus faible proportion.

Les répercussions de certains métaux lourds sur la santé peuvent être importantes. L’exposition à l’arsenic via la consommation d’eau issue de puits domestiques sur une dizaine d’années peut augmenter de manière importante les risques de certains types de cancers (peau, poumons et vessie). Aussi, des études indiquent que l’exposition au manganèse par l’eau potable peut augmenter les risques potentiels sur le développement neuropsychologique et comportemental des enfants.

Quant aux paramètres bactériologiques (coliformes totaux, coliformes fécaux ou E. coli), respectivement 24 % et 16 % des puits échantillonnés sur les territoires des organismes de bassin versant du Témiscamingue et Abitibi-Jamésie étaient non conformes. La consommation d’une eau contaminée par des bactéries peut entraîner des risques élevés pour la santé, dont des troubles gastro-intestinaux.

Les analyses n’ont pas pour but de déterminer les sources de contamination. Or, compte tenu de la diversité des types de puits, la pédologie et la géologie locale (présence naturelle de l’arsenic dans le socle rocheux en plusieurs endroits de la région) de même que la multitude de sources de contamination, il est primordial de poursuivre la sensibilisation des propriétaires à l’importance d’analyser l’eau de leur puits afin de s’assurer de sa qualité.

COUP DE POUCE

Pour une quatrième année consécu-tive, le Projet volontaire d’analyse de l’eau des puits offerts par les organismes de bassin versant (OBV) de la région, en partenariat avec le Centre intégré de santé et de services sociaux, permet aux propriétaires d’un puits domestique de bénéficier d’un tarif préférentiel pour l’analyse physico-chimique de leur eau.


Source : Bilodeau, Frédéric. Portrait de la qualité de l’eau souterraine en Abitibi-Témiscamingue, Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue, juin 2018.

 

 



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