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Agriculture et agroalimentaire

Portrait de l'agriculture en 2021

— Mariella Collini

Pour la première fois depuis une quarantaine d’années, le Recensement de l’agriculture de 2021 réalisé par Statistique Canada montre que le nombre d’exploitations agricoles s’est légèrement accru en Abitibi-Témiscamingue. Coup d’œil sur les plus récentes données de ce coup de sonde quinquennal dans le milieu agricole.

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Bonne nouvelle en provenance du Recensement de l’agriculture de 2021 : l’Abitibi-Témiscamingue enregistre une légère augmentation du nombre de fermes, mettant ainsi fin, depuis 1981, à une série de quinquennats marqués par la décroissance. Au printemps 2021, le milieu agricole régional recensait 582 exploitations¹, ce qui représente une hausse de 1,4 % par rapport à 2016. Il s’agit d’une hausse similaire à celle notée à l’échelle de la province, qui est de 1,6 %. Huit régions agricoles (sur 14) ont enregistré un nombre de fermes à la hausse entre 2016 et 2021.

Aux fins du plus récent Recensement de l’agriculture, une « ferme de recensement »² est une exploitation de produits agricoles qui déclare des revenus ou des dépenses liés à cette production aux fins de l’impôt. Cette définition inclut une diversité de fermes, allant de celles avec de très faibles revenus à celles de plus grande envergure. Statistique Canada recommande la prudence dans la comparabilité des données d’un quinquennat à l’autre.

TAILLE DES FERMES
Si le nombre de fermes est en légère augmentation dans la région, la superficie agricole totale, qui s’établissait à 145 014 hectares (ha) en 2021, accusait une baisse de 17 % comparativement à 5 ans auparavant (données non illustrées). La taille moyenne des exploitations agricoles de la région est dorénavant de 249 ha (304 ha en 2016). Toujours en 2021, une ferme de la région cultivait, en moyenne, 149 ha plutôt que 157 ha en 2016. Les changements touchant l’utilisation des terres correspondent généralement aux tendances observées dans les productions agricoles, elles-mêmes influencées par le climat et les types de sols. Bien que la superficie agricole totale soit également à la baisse au Québec, la superficie moyenne des terres cultivées par exploitation est en légère hausse (91 ha en 2021).

REVENUS ET DÉPENSES
En 2020, la majorité (55 %) des fermes de la région étaient de petite taille, c’est-à-dire avec des revenus bruts totaux³ inférieurs à 100 000 $. Parmi elles, le tiers étaient de très petites fermes (moins de 25 000 $) une part plus importante par rapport à 2015. Avec 16 %, la proportion de fermes de taille intermédiaire, avec des revenus entre 100 000 $ et 250 000 $, est moins élevée que celle en 2015. Les grandes fermes ayant déclaré 250 000 $ et plus représentaient 29 % de toutes les fermes, comparativement à 25 %, 5 ans plus tôt. La proportion des très grandes fermes, soit avec des revenus de plus de 1 M$, a doublé par rapport à 2015. Toujours en 2020, les fermes de la région totalisaient des revenus agricoles bruts de 159,9 M$ et des dépenses d’exploitation⁴ de 138,4 M$. Entre 2015 et 2020, les dépenses ont augmenté (46 %) plus rapidement que les revenus (41 %).

CAPITAL AGRICOLE
La valeur totale du capital agricole régional⁵ surpassait 900 M$ en 2021, en hausse de 34 % par rapport à 2016. La valeur moyenne marchande des fermes se chiffrait à 1,5 M$ en 2021 (1,2 M$ en 2016). Si un peu plus du tiers des fermes de la région valaient plus de 1 M$ en 2016, cette part était de 47 % en 2021 (271 fermes).

EXPLOITANTS AGRICOLES
Comme c’était le cas lors du recensement précédent, un léger repli du nombre d’exploitants agricoles⁶ est noté au sein de la région, s’établissant à 840 en 2021. Au Québec, la tendance s’est inversée pour une première fois depuis 1991, avec 270 gestionnaires de plus qu’en 2016.

Au cours des 5 dernières années, la proportion d’exploitantes agricoles a augmenté, passant de 27 % à 30 %. Cette proportion dépasse celle des agricultrices au Québec, de 28 %. L’Abitibi-Témiscamingue figure parmi les 4 régions agricoles à détenir la plus forte proportion (30 %) de femmes agricultrices.

Le vieillissement des exploitants agricoles se poursuit dans la région comme au Québec. La part des gestionnaires âgés de 55 ans et plus a augmenté, pour atteindre 48 % en 2021 (45 % en 2016). Inversement, la part des gestionnaires âgés de moins de 35 ans a légèrement diminué, pour atteindre 11 % (13 % en 2016). Il s’agit néanmoins d’une proportion plus élevée qu’au Québec, positionnant l’Abitibi-Témiscamingue au 1^er rang, ex aequo avec le Bas-Saint-Laurent.

PLAN DE RELÈVE

Comme lors du recensement précédent, il est moins commun dans la région de prendre des mesures concrètes pour planifier la relève agricoles. Ainsi, parmi la centaine d’exploitations ayant discuté d’un transfert éventuel, une trentaine ou 5 %, possèdent un plan de relève écrit. Dans la majorité des cas, la relève est assurée par un ou des membres de la famille. Au Québec, 8,5 % des exploitations ont un plan de transfert écrit. À ce chapitre, l’Abitibi-Témiscamingue arrive au dernier rang parmi les régions du Québec. 

MAIN-D’ŒUVRE SALARIÉE
En 2020, les exploitations agricoles de la région ont employé 952 personnes⁷, parmi lesquelles 27 % étaient des travailleurs agricoles familiaux (exploitants et leurs familles). Quant aux employés agricoles hors famille, 57 % travaillaient à temps plein ou partiel toute l’année et 43 % sur une base saisonnière et temporaire. 

Statistiques relatives à certaines dimensions économiques des exploitations agricoles
> Abitibi-Témiscamingue1 et ensemble du Québec, 2016 et 2021

	Abitibi-Témiscamingue		Ensemble du Québec
	2016	2021	2021
Exploitations agricoles (nombre)2	574	582	29 380
Revenus d’exploitation agricole3	113 251 548 $	159 858 780 $	13 030 846 205 $
24 999 $ et moins	31,2 %	32,6 %	29,0 %
25 000 $ à 99 999 $	24,0 %	22,3 %	22,1 %
100 000 $ à 249 999 $	19,9 %	16,1 %	14,9 %
250 000 $ à 999 999 $	22,5 %	24,0 %	24,0 %
1 000 000$ et plus	2,4 %	5,0 %	10,0 %
Dépenses d’exploitation4	94 659 823 $	138 415 887 $	10 915 126 455 $
Valeur du capital agricole5	671 829 102 $	901 534 442 $	72 937 017 145 $
Exploitants agricoles (nombre)6	850	840	42 265
Main-d’oeuvre salariée7	742	952	71 979

1. Statistique Canada unifie les données agricoles des régions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec. Contrairement à l’article de l’édition juillet-août 2017, l’Observatoire a exclut les six fermes recensées en 2021 dans le Nord-du-Québec, soit un nombre identique à 2016.
2. Le Recensement de l’agriculture de 2021 a apporté un important changement à la définition de « ferme » ou d’« exploitation agricole » qui désigne dorénavant une entité qui génère des produits agricoles et qui déclare des revenus ou des dépenses aux fins de l’impôt à l’Agence du revenu du Canada (ARC).
3 et 4. Année civile ou financière précédant le recensement. Les revenus d’exploitation agricole comprennent les revenus de la vente de tous les produits agricoles et les paiements reçus de programmes à l’exclusion de la vente de produits forestiers et de biens immobilisés. Les dépenses d’exploitation comprennent tous les coûts associés à la production de produits agricoles (semences, aliments pour animaux, carburant, engrais, etc.), excluant l’achat de terres, de bâtiments, d’équipement et l’amortissement.
5. Comprend la machinerie, le matériel et l’équipement agricoles, les animaux et volailles, les terres et bâtiments.
6. Personne chargée de prendre les décisions de gestion d’une exploitation agricole.
7. Le concept de main-d’œuvre salariée a changé en 2021, passant d’employés qui recevaient un salaire quelconque à des travailleurs agricoles auxquels l’exploitation a émis des feuillets T4 pour l’année d’imposition 2020.
Note générale : L’application de nouveaux concepts et la récupération de renseignements de sources administratives pour réduire le fardeau de réponse des agriculteurs (revenus, dépenses, main-d’œuvre) auront une incidence sur la comparabilité des données de 2021 avec les recensements précédents. Il convient de faire preuve de prudence.
Sources : Statistique Canada, Recensement de l’agriculture de 2021 (et 2016), Questionnaire et Recensement en détail.

ADAPTATION ET INNOVATION
Les exploitations agricoles de la région adaptent leurs méthodes de production ou de commercialisation à plusieurs fins : pour répondre à la demande des consommateurs envers des produits locaux et biologiques, pour réduire les intermédiaires et accroître leurs profits, ou pour améliorer l’efficience de leurs exploitations par l’automatisation et l’utilisation d’autres technologies.

Production biologique
De 2016 à 2021, le nombre d’exploitations agricoles certifiées biologiques, ou en voie de le devenir, a triplé, passant de 14 à 46. Alors qu’elles représentaient 2 % de toutes les fermes agricoles de la région en 2016, elles en représentent 8 %, 5 ans plus tard. Il s’agit d’une part similaire à celle notée au Québec (8,4 %). Au moment du recensement de l’agriculture, 6 sur les 46 étaient en transition vers la culture biologique .

Vente directe
La vente directe est une pratique utilisée par de plus en plus d’exploitations agricoles de la région. En 2020, 86 ou 15 % des exploitations agricoles ont déclaré vendre des produits directement aux consommateurs, en hausse par rapport à 2015 (11 %). Cette proportion reste inférieure à celle enregistrée au Québec (21 %). La quasi-totalité (97 %) vendait des produits non transformés (fruits, légumes, miel, etc.) tandis que 17 % vendaient des produits à valeur ajoutée (fromage, gelées, vin, etc.). Par ailleurs, 64 % vendaient leurs produits directement à la ferme (kiosques ou autocueillette) et autant par livraison directe aux consommateurs. De plus, 22 % ont participé aux marchés publics, 13 % ont eu recours à des initiatives d’agriculture soutenue par la communauté (ASC) qui proposent des paniers de légumes et 17 % ont utilisé d’autres méthodes. En 2020, 43 % des exploitations de la région ont déclaré que 100 % de leurs revenus agricoles totaux provenaient de la vente directe de leurs produits agricoles (30 % au Québec).

Pourcentage des revenus agricoles totaux bruts provenant de la vente directe
> Abitibi-Témiscamingue, 2020

	Abitibi-Témiscamingue	Ensemble du Québec
Entre 1 % et 25 %	23,2 %	39,8 %
Entre 26 % et 50 %	9,3 %	9,9 %
Entre 51 % et 75 %	14,0 %	9,1 %
Entre 76 % et 99 %	10,5 %	11,6 %
100 %	43,0 %	29,7 %

Utilisation des technologies et production d’énergie renouvelable
Des changements conceptuels au questionnaire rendent difficile la mesure de l’évolution de l’intégration des technologies au sein des exploitations agricoles. En 2021, 42 % des exploitations agricoles de la région ont mentionné avoir utilisé des analyses d’échantillons de sol, 11 % de l’engrais à libération progressive, 7 % des systèmes de direction par guidage automatisé et encore 7 %, des applications d’intrants à taux variables. Trois fois plus d’exploitations agricoles en production laitière dans la région ont déclaré utiliser la traite robotisée en 2021, ce qui correspond à 20 % de l’ensemble des fermes laitières de la région, une proportion identique aux fermes laitières du Québec.

Du côté de l’énergie renouvelable, 45 ou 8 % des exploitations agricoles ont déclaré produire de l’énergie renouvelable en 2021, soit un taux identique au Québec. Il s’agit d’une hausse considérable depuis 2016, où 16 exploitations affirmaient produire de l’énergie. L’énergie produite – que ce soit de type solaire ou bioénergie – se destine principalement aux fins de l’exploitation.

Source : Statistique Canada, Recensement de l'agriculture de 2021.