L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Agriculture et agroalimentaire

Nourrir la population

— Mariella Collini

La crise sanitaire a rappelé l’importance de l’industrie bioalimentaire, la positionnant au rang des services névralgiques à la population. À la fin décembre, on apprenait aussi que le coût du panier d’épicerie augmenterait de 3 à 5 % en 20211. Appuyées des plus récentes estimations2 pour 2019 produites par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), comment se porte l’industrie bioalimentaire de la région? 




Vecteur déterminant de l’occupation du territoire, le secteur bioalimentaire est aussi un puissant levier de développement économique. En 2019, l’empreinte économique de cette industrie équivalait à 357 M$ et le volume d’emplois directs soutenus dans l’économie s’élevait à 8 400. Ainsi, le poids économique du bioalimentaire représentait 5 % du produit intérieur brut (PIB) de la région et 11 % de l’emploi d’ici. Par ailleurs, comparativement aux estimations de 2017, sa contribution à l’économie régionale est en croissance.

Au début de la chaîne de ce vaste secteur, le milieu agricole comptait quelque 550 exploitations en 2019 qui ont généré des recettes en provenance du marché de 131 M$. Le PIB du secteur agricole représente 17 % du PIB total bioalimentaire de la région. Son millier d’emplois correspondait à 14 % de tous les emplois de l’industrie. L’activité agricole domine tous les autres secteurs de l’industrie bioalimentaire au chapitre de l’investissement. À elle seule, son volume estimé à 16 M$ représente 67 % des investissements totaux du bioalimentaire dans la région (24 M$).

580    Le nombre d’exploitations agricoles dans la région a augmenté à 580 au 1er décembre 2020, selon de récentes données du MAPAQ3.

Aux recettes de la production agricole s’ajoutent quelque 246 M$ en livraisons manufacturières d’aliments et de boissons provenant du secteur de la transformation alimentaire, qui est en expansion depuis quelques années. Si ce secteur emploie 8 % de la main-d’oeuvre de l’industrie, il se démarque par la valeur ajoutée de ses produits, représentant 20 % du PIB bioalimentaire de la région.

Dernier maillon de la chaîne de l’industrie bioalimentaire, la distribution inclut les grossistes (produits agricoles et alimentaires), les détaillants (magasins d’alimentation) ainsi que la restauration commerciale. Ensemble, la distribution représente 63 % du PIB et 78 % des emplois du bioalimentaire. Les 149 magasins d’alimentation traditionnels* et les 312 restaurants ont généré des ventes respectives de 598 M$ et 222 M$, toujours selon les estimations pour 2019.

13 %     Chaque ménage québécois consacre annuellement près de 9 500 $ à l’achat d’aliments et de boissons, ce qui représente 13 % de ses dépenses totales4.

 

Indicence économique de l’industrie bioalimentaire et contribution sectorielle (M$ et %) mesurée par le produit intérieur brut (PIB) régional, l’emploi et l’investissement
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2019

 

PIB

Emplois

Investissements

Industrie bioalimentaire québécoise

27,2 G$

530 000

2,3 G$

Industrie bioalimentaire régionale

          357 M$

8 400

24 M$

   Agriculture

62 M$ (17 %)

1 200 (14 %)

16 M$ (67 %)

   Transformation bioalimentaire

70 M$ (20 %)

 700    (8 %)

2 M$   (8 %)

   Commerce de gros

32 M$   (9 %)

400    (5 %)

2 M$   (8 %)

   Commerce de détail*

87 M$ (24 %)

2 500 (30 %)

2 M$   (8 %)

   Restauration commerciale

106 M$ (30 %)

3 600 (43 %)

2 M$   (8 %)

* : Le commerce de détail inclut les magasins d’alimentation traditionnels (supermarchés, épiceries, dépanneurs, magasins de bière, de vin et de spiritueux ou magasins spécialisés) et exclut les magasins non traditionnels (Walmart, Costco, pharmacies, etc.) et les autres circuits de distribution (p. ex : marchés publics).
Source : Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), Profil régional de l’industrie bioalimentaire au Québec - Estimations pour l’année 2019, 2020.

MISE EN MARCHÉ DE PROXIMITÉ

La mise en marché de proximité est communément associée aux marchés publics et à la vente à la ferme (kiosque, autocueillette), mais elle s’étend au-delà. En 2019, quelque 8 500 fermes québécoises, parmi lesquelles 203 étaient situées en Abitibi-Témiscamingue, vendaient directement leurs produits. Plusieurs producteurs ont déclaré vendre leurs produits directement à la ferme et dans les marchés publics. D’autres choisissent la formule Agriculture soutenue par la communauté (ASC) pour distribuer leurs paniers ou encore, transiger par des sites Internet. D’autres misent sur le bouche-à-oreille, la vente directe aux particuliers ou entreprises, etc.

160     À l’été 2020, près de 27 900 personnes ont visité les marchés publics de la région pour acheter des produits de 160 marchands et exposants5.

EFFETS DE LA CRISE SANITAIRE

À l’instar de plusieurs secteurs d’activité, le secteur bioalimentaire – de la ferme à la vente au détail – a été affecté par les impacts de la pandémie et s’est s’adapté. Au Québec, il est estimé que le secteur a perdu 11 % de ses emplois (février à août)5. Le maillon de la restauration et des débits de boissons demeure fortement fragilisé par les mesures associées à la crise sanitaire.

 

Sources : 

1. Rapport sur les prix alimentaires canadiens – 11e édition 2021, 2020.
2. MAPAQ, Profil régional de l’industrie bioalimentaire au Québec – Estimations 2019, 2020.
3 et 5. MAPAQ – Direction régionale de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, Le Brin d’info, hiver 2020.
4. Institut de la statistique du Québec, compilation de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue.
5. MAPAQ, Bioclips Vol. 28, n°25, 1er décembre 2020.



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