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Jeunes , Santé et bien-être

Santé mentale des jeunes sous pression

Mariella Collini

L’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) révèle une situation préoccupante en matière de santé mentale chez les jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue. L’anxiété, la dépression et la détresse psychologique sont des troubles mentaux dont la prévalence a augmenté au cours des dix dernières années.Et pour une première fois, l’EQSJS jette un coup d'œil sur l'écoanxiété vécue par les jeunes.




En Abitibi-Témiscamingue, près de 4 jeunes sur 10 (38 %) présentaient une santé mentale qualifiée de florissante dans le mois précédant l’enquête. Ainsi, les jeunes ressentaient fréquemment des émotions positives (p. ex. : la joie), éprouvaient une satisfaction face à leur vie et trouvaient du sens à leur vécu quotidien. Les jeunes pouvaient aussi se sentir utiles et reconnus, entretenir de bonnes relations, exprimer librement leurs opinions ou vivre des expériences enrichissantes qui contribuent à leur épanouissement.

À l’extrémité opposée, 1 jeune sur 10 (10 %) avait une santé mentale dite languissante. Cela signifie que ces jeunes ressentaient rarement de la joie, de l’intérêt ou de la satisfaction face à leur vie. Ces jeunes pouvaient avoir du mal à trouver leur place dans un groupe, à voir l’avenir positivement ou à vivre des relations chaleureuses et empreintes de confiance avec d’autres jeunes.

Enfin, un peu plus de la moitié des jeunes (51 %) avaient une santé mentale dite modérée.

Il est important de souligner que l’appréciation favorable de sa santé mentale par une personne ne signifie pas nécessairement l’absence de diagnostic pour trouble de santé mentale. Par exemple, les données révèlent que 55 % des jeunes ayant reçu un diagnostic médical d’au moins un trouble de santé mentale ont déclaré avoir une santé mentale modérément bonne en Abitibi-Témiscamingue. Un quart des jeunes diagnostiqués ont même dit avoir une santé mentale florissante, tandis que 20 % ont déclaré une santé mentale languissante.

Troubles anxieux

Le quart des jeunes (25 %) en Abitibi-Témiscamingue ont reçu un diagnostic médical d’anxiété, soit une proportion significativement plus élevée que celle observée dans le reste de la province, tant chez les garçons que chez les filles. Les filles sont particulièrement touchées, étant deux fois plus nombreuses que les garçons à avoir reçu un tel diagnostic. La proportion de jeunes ayant un diagnostic de troubles anxieux a augmenté continuellement, passant de 11 % en 2010-2011 à 21 % en 2016-2017, pour atteindre le quart en 2021-2022.

Écoanxiété

Pour la première fois, l’EQSJS s’est intéressée à l’écoanxiété, soit l’ensemble des émotions négatives comme l’anxiété, la culpabilité ou l’impuissance face aux répercussions des changements climatiques. En Abitibi-Témiscamingue, plus des deux tiers (67 %) des jeunes de 12 à 17 ans ont ressenti de l’écoanxiété, une proportion comparable à la moyenne québécoise (66 %). Quant à la fréquence de ces sentiments, le quart des jeunes (25 %) ont ressenti souvent, toujours ou presque toujours de l’écoanxiété, dans la région comme au Québec. La prévalence de l’écoanxiété est nettement supérieure chez les filles (38 %) que chez les garçons (13 %).

Troubles dépressifs

Environ 8% des jeunes de 12 à 17 ans ont reçu un diagnostic médical de dépression, un taux similaire à la moyenne provinciale. La proportion régionale est passée de 6 % à 8 % au fil des 3 cycles de l’enquête. Le taux observé chez les jeunes filles (12 %) dépasse largement celui des garçons (5 %) dans la région, ainsi que celui enregistré chez les adolescentes québécoises (10%). 

Détresse psychologique

Contrairement aux deux troubles mentaux susmentionnés, diagnostiqués par des professionnelles et professionnels de la santé, le niveau de détresse psychologique repose sur l’autoévaluation des jeunes. Il mesure la fréquence de symptômes tels que l’anxiété, la dépression, l’irritabilité ou des difficultés de concentration, rapportée par les jeunes la semaine précédant l’enquête. Dans la région, 41 % des jeunes présentaient un niveau élevé de détresse psychologique, une proportion similaire à celle du reste du Québec. Près de 6 adolescentes sur 10 se trouvaient dans cette situation, comparativement à 24 % chez les garçons. L’évolution de la détresse psychologique est frappante, la proportion ayant presque doublé en une décennie, passant de 21 % en 2010-2011 à 31 % en 2016-2017 pour atteindre 41 % en 2021-2022.

Proportion des élèves de 12 à 17 ans ayant reçu un diagnostic médical d’anxiété ou de dépression ou se situant à un niveau élevé de l’indice de détresse psychologique
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2022-2023

 

Anxiété

Dépression

Détresse psychologique

Abitibi-Témiscamingue

25,2 % (+)

8,3 %

41,0 %

   Filles

35,7 % (+)

4,5 %

58,7 %

   Garçons

15,2 % (+)

12,2 % (+)

24,3 %

Ensemble du Québec

19,9 %

7,4 %

40,6 %

   Filles

29,3 %

10,3 %

57,1 %

   Garçons

11,1 %

4,6 %

25,1 %

Note : (+) /(-) : Proportion significativement supérieure (+) ou inférieur (-), au seuil de 0,05, entre la région et le reste de la province.
Source : Institut de la statistique du Québec (ISQ), Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) en 2022-2023, 2024.

DES RÉSULTATS À VENIR POUR LA POPULATION POSTSECONDAIRE

Selon les résultats préliminaires d’une vaste enquête menée auprès de 32 790 personnes à l’automne 2024, l’Observatoire sur la santé mentale étudiante en enseignement supérieur indique que près de 30 % des étudiantes et étudiants présentaient une santé mentale florissante, 11 %, une santé mentale languissante, tandis que la majorité (plus de 60 %) présentaient un état modéré.

Par ailleurs, près d’une personne sur deux fréquentant le cégep ou l’université était à risque de vivre un épisode dépressif majeur. Plus de quatre sur dix étaient à risque de présenter un trouble d’anxiété généralisée au moment de l’enquête.

Les cégeps et universités qui ont participé à l’enquête recevront les données concernant leurs propres populations étudiantes. Une deuxième enquête sur la santé mentale des étudiantes et des étudiants au cégep et à l’université est prévue à l’automne 2026.

Source : Le Devoir, « Près d’un étudiant du Québec sur deux risque de souffrir d’un épisode dépressif ».



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