L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Démographie , Jeunes

Rester, partir, revenir

Année après année, il est relativement simple d’avoir accès à des données permettant d’évaluer l’ampleur des gains ou des pertes chez les jeunes pour une région donnée. Il est toutefois plus difficile de répondre à une question relative à leur retour dans leur région d’origine. L’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a répondu à cette question au moyen d’une analyse longitudinale des migrations interrégionales.




Ainsi, pour mesurer la propension des jeunes à quitter leur région d'origine et à y revenir, l’ISQ a comparé les trajectoires résidentielles de quatre cohortes de jeunes âgés de 16 ans en 1993, 1998, 2003 et 2008, qui ont été suivies jusqu'à l'âge de 23, 28 et 33 ans. Le choix d'amorcer le suivi des trajectoires à 16 ans permet de capter les départs du foyer parental, qui se font généralement à partir de cet âge. Portons une attention particulière dans ce présent article à la mobilité des jeunes entre 16 et 23 ans à travers les trajectoires des 4 cohortes à l’analyse.

Répartition des cohortes selon le statut migratoire à 23 ans, cohortes 1993, 1998, 2003 et 2008
> Abitibi-Témiscamingue

 

Cohorte de 1993

16 ans en 1993

23 ans en 2000

Cohorte de 1998

16 ans en 1998

23 ans en 2005

Cohorte de 2003

16 ans en 2003

23 ans en 2010

Cohorte de 2008

16 ans en 2008

23 ans en 2015

Non-migrants

A

68,4

57,9

72,1

76,5

Migrants totaux

B+C

31,6

42,1

27,9

23,5

    Migrants de retour

B

6,1

9,0

6,6

6,6

    Migrants hors région

C

25,5

33,0

21,2

17,0

Proportion de retours

(B)/(B+C)

19,4

21,5

23,8

27,9

Résidants dans la région

A+B

74,5

67,0

78,8

83,0

Entrants

D

7,7

4,8

6,7

9,2

Présence totale

(A+B+D)

82,2

71,8

85,5

92,2

 

La cohorte qui se veut la plus près de notre réalité est celle composée des jeunes âgés de 16 ans en 2008, et qui a été suivie jusqu'à l'âge de 23 ans. Les données du tableau spécifique à cette cohorte nous révèlent qu’à l'âge de 23 ans, 76,5 % des jeunes originaires de l’Abitibi-Témiscamingue n’avaient jamais quitté la région. Par ricochet, la part des jeunes qui sont allés vivre ailleurs au Québec entre 16 et 23 ans, ne serait-ce qu’une année, s'élevait à 23,5 %. De façon plus détaillée, 17,0 % des jeunes se trouvaient à l’extérieur de la région à 23 ans et 6,6 % avaient quitté mais étaient déjà de retour à cet âge, ce qui correspond à un taux de retour de 27,9 % parmi les migrants. Il est donc intéressant de noter qu'au total, en 2015, 83 % des jeunes originaires de la région y résidaient à l'âge de 23 ans, qu'ils n'aient jamais migré ou qu’ils soient de retour. En comptabilisant les jeunes provenant d'ailleurs au Québec qui ont fait le choix de vivre en Abitibi-Témiscamingue (9 %), la présence totale de jeunes atteint 92 % de la taille initiale de la cohorte, avant tout mouvement migratoire.

Les cohortes en perspective

Si l’on observe les données spécifiques aux 4 cohortes entre l'âge de 16 et 23 ans, on constate que :

  • les jeunes sont proportionnellement plus nombreux à ne pas quitter la région de l’Abitibi-Témiscamingue de 16 à 23 ans (non-migrants) et par ricochet, leur propension à quitter la région est beaucoup moins intense qu’auparavant (migrants totaux);
  • les départs n’étant pas définitifs pour tous, le taux de retour des jeunes migrants à l'âge de 23 ans est continuellement à la hausse;
  • en additionnant les non-migrants, les migrants de retour et les entrants des autres régions, l’Abitibi-Témiscamingue parvient mieux que par le passé à compenser les pertes, ce qui est illustré par la présence totale à l’âge de 23 ans.

LA RÉTENTION DES ENTRANTS

Si l’Abitibi-Témiscamingue attire peu de jeunes entrants comparativement à des régions comme Montréal ou la Capitale-Nationale, elle réussit à retenir une part non négligeable de ceux qui viennent s’y installer, comme l’indique leur présence au début de la trentaine. Ainsi, parmi les jeunes venus d’ailleurs au Québec qui habitaient dans la région à l’âge de 23 ans, 56 % y résidaient encore à l’âge de 33 ans. Il s’agit d’une proportion plus élevée que la moyenne québécoise (47 %), ou encore de la région de Montréal (42 %). 

Au palmarès des régions

  •  L’Outaouais, Montréal et la Capitale-Nationale affichent la meilleure rétention de leurs jeunes jusqu’à 23 ans et, dans une moindre mesure, jusqu’à 33 ans.
  •  Les régions de Montréal, de la Capitale-Nationale, de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec se démarquent quant à la proportion de jeunes de retour dans leur région d’origine à l’âge de 23 ans.
  •  Malgré que les retours soient les plus fréquents à 33 ans dans les régions de Lanaudière, les Laurentides, la Montérégie et l’Outaouais, les jeunes de l’Abitibi-Témiscamingue maintiennent, par ailleurs, une proportion de retours à 33 ans plus élevée que la moyenne.

Source : St-Amour, Martine et Emy Bourdages, Rétention et attraction des jeunes dans les régions du Québec : constats tirés du suivi des trajectoires migratoires de quatre cohortes, Institut de la statistique du Québec, 2017.

 



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