L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

< Les articles

Démographie , Santé

Longue vie!

 Mariella Collini

Au cœur des vœux de toute nouvelle année, figure traditionnellement la santé! Et l’un des signes de l’amélioration globale de l’état de santé de la population est l’espérance de vie à la naissance. En ce début d’année 2020, projecteur sur cet indicateur de santé globale ainsi que sur un indicateur de mortalité un peu moins connu.




Du côté des bonnes nouvelles, l’espérance de vie à la naissance s’améliore de façon continue en Abitibi-Témiscamingue. Selon les conditions de mortalité observées de 2014 à 2016, la durée de vie moyenne, hommes et femmes confondus, est de 80,2 ans. Pour la période 1995-1997, cette durée était de 76,2 ans. Il s’agit donc d’un gain de 4 ans sur une période de 20 ans.

L’espérance de vie représente le nombre d’années qu’une personne vivrait si elle était soumise tout au long de sa vie aux conditions de mortalité observées au cours de l’année ou de la période étudiée. Elle ne représente pas la durée de vie moyenne qu’auront dans les faits les enfants nés au cours de la période étudiée dans cet article, soit 2014-2016, car cette durée dépendra de l’évolution future de la mortalité. Bien que d’autres indicateurs d’espérance de vie soient compilés (espérance de vie à 65 ans ou espérance de vie en bonne santé), ils ne sont toutefois pas traités dans cet article.

Toujours pour la période 2014-2016, les hommes peuvent espérer atteindre 78,1 ans et les femmes, 82,4 ans en Abitibi-Témiscamingue (données non illustrées). Si un écart persiste entre les hommes et les femmes, il s’est toutefois considérablement rétréci en raison d’une augmentation de l’espérance de vie plus soutenue chez les hommes que chez les femmes. Dans la région, depuis une trentaine d’années (1980-1982 à 2014-2016), les hommes peuvent espérer vivre 8,6 ans de plus et les femmes, 5,0 ans de plus. Ainsi, l’écart entre l’espérance de vie des deux sexes n’était que de 4,3 ans pour la période 2014-2016, alors qu’il était de près de 8 ans (7,9 ans) au début des années 1980.

Du côté des moins bonnes nouvelles…

Malgré tout, un écart négatif persiste par rapport à la moyenne du Québec et l’espérance de vie dans la région est parmi les moins élevées au Québec. L’espérance de vie de la population de l’Abitibi-Témiscamingue est inférieure à la moyenne québécoise, établie à 82,2 ans. Ce constat est vrai tant pour les hommes que pour les femmes. Aussi, tel que l’illustre le graphique suivant, l’écart entre la région et le Québec tend à s’accroître au cours des plus récentes périodes analysées.

Espérance de vie à la naissance, sexes confondus
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 1995-1997 à 2014-2016

Note : Les données régionales sont tirées d’une table de mortalité abrégée tandis que l’espérance de vie du Québec est tirée d’une table de mortalité complète (par année d’âge détaillée).

r : Données révisées
Source : Institut de la statistique du Québec.

Dans l’ensemble des régions du Québec, l’Abitibi-Témiscamingue se positionne au 16e rang pour l’espérance de vie, sexes confondus, au 15e rang pour celle des hommes et au 16e rang pour celle des femmes. Finalement, des données compilées par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) portant sur l’espérance de vie à la naissance pour l’année 2018 révèlent que l’Abitibi-Témiscamingue se classe en 46e position parmi 72 régions sanitaires du Canada.

De nombreux facteurs ou déterminants peuvent mettre en relief les gains d’espérance de vie ou encore, les disparités entre les régions, que ce soit des facteurs liés au contexte démographique, économique et social (revenu, éducation, emploi et conditions de travail, habitudes de vie [usage de tabac, consommation d’alcool, activité physique, alimentation, etc.]), à l’évolution des principales causes de mortalité ou encore, au système de santé (accès, qualité, ressources, dépenses, etc.).  

DÉCÈS ÉVITABLES

Quels sont les risques que vous, ou une personne qui vous est chère, décédiez pour une raison qui aurait pu être évitée? Des données portant sur les décès évitables diffusées par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) permettent de répondre à cette question. 

Le taux de mortalité évitable calcule le nombre de décès par 100 000 habitants (moins de 75 ans) qui auraient pu être évités grâce à la prestation de soins de santé opportuns et efficaces, y compris des services de prévention. Les décès évitables sont déterminés à partir de l’âge du décédé et de la cause initiale du décès (maladies infectieuses, cancers, maladies cardiovasculaires et autres, blessures, etc. Consulter la classification de l’ICIS).

En 2014-2016, le taux de mortalité évitable pour l’Abitibi-Témiscamingue est nettement supérieur à celui du Québec, avec 231 décès évitables par tranche de 100 000 habitants en comparaison à 186. Des régions sanitaires du Québec, la Côte-Nord (234), les Terres-Cries-de-la-Baie-James (303) et le Nunavik (536) présentent un taux de mortalité évitable supérieur à celui de l’Abitibi-Témiscamingue. Enfin, à l’échelle des régions sanitaires canadiennes, ce taux classe l’Abitibi-Témiscamingue au 41e rang sur 72.  

Encore ici, les différences entre les régions quant à cet indicateur peuvent refléter leurs disparités socioéconomiques, qui contribuent aux déterminants de l’état de santé. Cet indicateur accorde aussi une attention particulière à la partie de la santé de la population sur laquelle le système de santé peut influer.


Sources :

Espérance de vie à la naissance : Institut de la statistique du Québec, Population et démographie – Décès et mortalité et tableau spécial.

Décès évitables : Institut canadien d’information sur la santé (ICIS), Votre système de santé. Portail Web, consulté le 12 décembre 2019.

Notes : Une « région sociosanitaire » représente une unité administrative définie par un ministère provincial de la Santé. Pour s’assurer de couvrir entièrement le Canada, chaque territoire du Nord représente aussi une région sociosanitaire.  

Article publié par l'Observatoire en janvier 2020.



M'inscrire