L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Emploi et main-d'oeuvre

Emplois à pourvoir

– Mariella Collini

Alors que l’Abitibi-Témiscamingue peine à retrouver son niveau d’emploi de 2019, les postes vacants et les perspectives professionnelles continuent de signaler des défis importants en matière de recrutement et de renouvellement de la main-d’œuvre. Tour d’horizon des principaux indicateurs de l’emploi et des perspectives professionnelles d’ici 2027.




Selon les données de l’Enquête sur la population active (EPA), la récente conjoncture de l’emploi dans la région contraste avec celle de la province, qui enregistre des gains pour une troisième année consécutive en 2023. Si l’Abitibi-Témiscamingue signalait, dès 2021, une reprise de l’emploi (+6 %) plus prononcée qu’au Québec (+4 %), le volume d’emplois s’est stabilisé autour de 72 600 dès 2022, pour ensuite diminuer en 2023. Ainsi, avec une perte nette de 1 200 emplois (-1,7 %) par rapport à 2022, la région comptait 71 400 personnes occupées en 2023. Contrairement au Québec, où le nombre d’emplois a dépassé le niveau prépandémique dès 2022, l’Abitibi-Témiscamingue tire de l’arrière, n’ayant pas atteint ou dépassé son niveau de 2019, à l’instar de quatre autres régions (Côte-Nord, Estrie, Capitale-Nationale et Saguenay–Lac-Saint-Jean).

Du côté des indicateurs du marché du travail, le taux d’activité (personnes en emploi ou activement à la recherche d’un emploi) et le taux d’emploi dans la région ont reculé de plus d’un point de pourcentage en 2023 par rapport à 2022. Avec respectivement 62,0 % et 60,1 %, les taux régionaux sont inférieurs à ceux observés dans l’ensemble du Québec, où ces derniers égalent ou dépassent les taux établis avant la pandémie. Avec un taux de chômage de 3,1 %, l’Abitibi-Témiscamingue détient le 4e rang des régions du Québec ayant les taux de chômage les plus bas.

Indicateurs du marché du travail des personnes de 15 ans et plus
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2020 à 2023 et variation 2023 par rapport à 2022

 

Abitibi-Témiscamingue

Ensemble du Québec

2020

2021

2022

2023

2023/2022

2023

2023/2022

Population active

73 700

76 400

75 100

73 700

-1,9 %

4 718 100

+2,5%

Population occupée

68 700

72 700

72 600

71 400

- 1,7 %

4 506 400

+2,3%

Population en chômage

5 000

3 700

2 500

2 300

-8,0 %

834 300

+6,3 %

Taux d’activité

62,0 %

64,5 %

63,4 %

62,0 %

-1,4 pt

65,0 %

+0,7 pt

Taux d’emploi

57,8 %

61,4 %

61,3 %

60,1 %

-1,2 pt

62,1 %

+0,6 pt

Taux de chômage

6,8 %

 4,8 %

3,3 %

3,1 %

-0,2 pt

4,5 %

+0,2 pt

Source : Statistique Canada, Enquête sur la population active (EPA).
Traitement : Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue.

POSTES VACANTS

Selon l’Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS), les employeurs de la région ont signalé 4 475 postes vacants au cours du 3e trimestre 2023. Il s’agit d’une augmentation par rapport au même trimestre l’année précédente (4 175). L’Abitibi-Témiscamingue se distingue en tant que seule région au Québec où le nombre de postes vacants est toujours en croissance.

Nombre de postes vacants
> Abitibi-Témiscamingue, trimestres depuis 2017 jusqu’au 3e trimestre 2023

 

Nombre de postes vacants par trimestre

1er

2e

3e

4e

2023

3 825

4 430

4 475

ND

2022

3 555

4 395

4 175

4 440

2021

2 540

3 865

4 310

4 240

2020

2 295

ND

ND

3 010

2019

2 635

2 525

2 590

1 925 

2018

2 325

2 665 

2 820

2 700

 Source :  Statistique Canada, Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS), Tableau 14-10-0356-02.

Les quatre grandes catégories professionnelles qui affichent le plus de postes vacants dans la région sont les suivantes : enseignement (545), santé (765), métiers, transport et machinerie (965) et vente et services (1 180).  On observe un nombre de postes vacants moins élevé que le même trimestre en 2022 pour les catégories Métiers, transport et machinerie et Vente et services, mais inversement un nombre deux à trois fois plus élevé dans les catégories Enseignement et Santé.

L’Abitibi-Témiscamingue se classe parmi les trois régions à offrir un salaire horaire moyen pour les postes vacants parmi les plus élevés au Québec. Au 3trimestre de 2023, il s’établissait à 25,80 $ (25,00 $ au Québec), en hausse de 0,80 $ ou de 3 % comparativement au même trimestre en 2022 (+5,5 % au Québec). Les secteurs de la gestion (+15 %), de l’enseignement (+9 %) et des métiers, transport et machinerie (8 %) sont parmi ceux ayant enregistré les plus fortes croissances des salaires offerts dans la région.

Salaire horaire moyen pour les postes vacants par catégorie professionnelle
> Abitibi-Témiscamingue, 3e trimestre 2023

Ensemble des professions

25,80 $

Gestion

38,45 $

Affaires, finance et administration

23,90 $

Sciences naturelles et appliquées

36,70 $

Secteur de la santé

27,20 $

Enseignement, services sociaux et gouvernementaux

24,20 $

Arts, culture, sports et loisirs

..

Vente et services

18,10 $

Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés

30,35 $

Ressources naturelles, agriculture et production connexe

..

Fabrication et services d'utilité publique

31,00 $

Notes : Exclut les heures supplémentaires, les pourboires, les commissions et les primes. Le salaire offert peut être différent du salaire réel versé une fois que le poste a été doté.
Source :  Statistique Canada, Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS), Tableau 14-10-0356-02.

TENDANCES DU MARCHÉ DU TRAVAIL

Le récent portrait de l’état d’équilibre du marché du travail 2023-20271 dresse le diagnostic de 516 professions pour l’ensemble du Québec pour déterminer lesquelles sont ou seront en déficit, en équilibre ou en surplus de main-d’œuvre à moyen terme, soit d’ici 2027. Divers indicateurs sont utilisés pour poser le diagnostic, tels que le taux et la tendance des postes vacants, la tendance des salaires, le taux et l’évolution de prestataires de l’assurance-emploi, les projets d’investissements annoncés, la croissance économique et les conditions actuelles du marché du travail.  Il est à noter que contrairement aux éditions antérieures, les projections liées à l’offre et à la demande de main-d’œuvre, qui changent peu d’une année à l’autre, n’ont pas fait l’objet d’une actualisation. En l’occurrence, l’édition 2023 repose sur les prévisions faites lors de la précédente édition, qui estimait à environ 14 900 le nombre d’emplois à pourvoir en Abitibi-Témiscamingue.

D’ici 2027, sur les 229 professions avec diagnostic pour l’Abitibi-Témiscamingue, 121 seront en déficit ou en léger déficit de main-d’œuvre (53 %). D’une part, ces professions offriront d’excellentes perspectives d’emploi pour les personnes disposant des qualifications requises, mais d’autre part, elles amplifieront la difficulté pour les employeurs à pourvoir aux postes vacants. De manière générale, on qualifie une profession comme étant en situation de pénurie si on assiste de pair à une forte croissance de l’emploi, un très faible taux de chômage, la présence de postes vacants de longue durée, une croissance importante des salaires ou une absence ou insuffisance de relève. Comparativement aux diagnostics antérieurs, le nombre de professions en déficit ou en léger déficit a augmenté dans la région, alors qu’il était de 89 pour l’édition 2021 et de 98 pour l’édition 2022.

En Abitibi-Témiscamingue, les professions en déficit se concentrent dans des secteurs à forte demande (construction et transport [25], vente et services [20], santé [17] et enseignement, services sociaux et gouvernementaux [12]) ou à fort développement (ressources naturelles et fabrication [12]). D’autres requièrent des compétences élevées, notamment dans le domaine des sciences naturelles et technologies de l’information (23) et dans certaines professions liées à la gestion et au secteur des affaires, finance et administration (12).

Par ailleurs, 105 professions, soit 46 % sont dites « en équilibre », car elles ont autant de main-d’œuvre que de postes à pourvoir (39 % au Québec). L’utilisation de la notion d’équilibre s’explique par le fait qu’une majorité de professions et de métiers ont de bonnes perspectives d’emploi pour celles et ceux qui ont les qualifications requises. Seulement trois professions seront en léger surplus (10 lors de l’édition de 2021).  Il est utile de préciser qu’un bassin de main-d’œuvre jugé suffisant (quantité) ne signifie pas que les entreprises et les organisations ne rencontreront pas de difficultés de recrutement. Ces difficultés peuvent survenir selon le niveau de compétence exigé pour le poste, ou encore selon des caractéristiques particulières liées à la profession (salaire, conditions de travail, saisonnalité, éloignement du lieu de travail, etc.).     

Pour en savoir plus : consulter les tableaux sur le site Web à l'onglet emploi.

1. Ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale, secteur de l’Emploi, État d’équilibre du marché du travail à court et moyen termes – Édition 2023, 2024.

Cet article est une actualisation de celui paru initialement dans le bulletin de l’Observatoire de septembre-octobre 2021.

Article de l'Observatoire paru en mars 2024



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