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Famille et enfance
Comment vont les parents?
L’expérience de la parentalité est un domaine de recherche en émergence au Québec. Les transformations profondes dans la structure familiale, la présence des mères sur le marché du travail ou les représentations sociales de la famille modifient la façon dont les parents vivent leur rôle auprès de leurs jeunes enfants. Aperçu de la réalité vécue par des parents d’enfants de 0 à 5 ans de l’Abitibi-Témiscamingue.
De concert avec Avenir d’enfants et l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) a mis en lumière divers pans de la vie des parents1 de jeunes enfants âgés de moins de 6 ans. L’Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans (EQEPE) approfondit notamment les pratiques parentales, le sentiment ressenti envers le rôle de parent, le stress vécu, le besoin en information, le soutien social du conjoint et de l’entourage ou encore, l’utilisation des services offerts aux familles.
PRATIQUES PARENTALES
Les pratiques parentales font référence aux gestes concrets posés quotidiennement par les parents auprès de leurs enfants, que ce soit le temps accordé aux jeux ou à des activités éducatives, le style d’autorité privilégié, les liens d’attachement, etc.
L’enquête dévoile qu’environ le tiers des parents de la région ont lu ou raconté des histoires tous les jours à leurs enfants d’âge préscolaire au cours des deux semaines précédant l’enquête. À cet égard, les parents de la région se démarquent défavorablement du reste du Québec, où 41 % s’adonnent quotidiennement à cette activité. Selon l’enquête, le niveau de scolarité atteint par les parents serait l’un des facteurs pouvant expliquer cet écart puisque la fréquence de lecture sur une base quotidienne augmente à mesure que les parents sont plus scolarisés. Or, comme démontré à l’encadré de la page 3, les parents de la région sont moins scolarisés que dans le reste du Québec.
Du point de vue des pratiques plus coercitives, 12,5 % des parents ont avoué avoir élevé la voix ou s’être mis en colère au moins une fois par jour, alors qu’environ 21 % ont affirmé n’avoir jamais eu recours à ce type d’intervention au cours des deux semaines précédant l’enquête. Les parents de la région crient ou se mettent en colère dans des proportions similaires à ceux du reste du Québec.
Répartition des parents d’enfants de 0 à 5 ans de l’Abitibi-Témiscamingue selon la fréquence à laquelle...
> ils ont lu ou raconté des histoires à leurs enfants de 0 à 5 ans
> ils ont crié, élevé la voix ou se sont mis en colère
EXPÉRIENCE PARENTALE
L’expérience parentale fait référence aux sentiments et aux pensées des mères et des pères à l’égard de leur rôle auprès de leurs enfants. Les résultats obtenus montrent que les parents sont plus nombreux, en proportion, à éprouver un sentiment de satisfaction parentale élevé, alors qu’ils sont moins nombreux à se sentir pleinement efficaces comme parent. Chiffres à l’appui, le quart des parents de la région estiment qu’il est fortement valorisant d’être parent, alors que 17 % se disent pleinement confiants en leur capacité à exercer leur rôle parental de façon efficace. Globalement, les parents d’enfants de 0 à 5 ans de la région ne se distinguent pas de ceux du reste du Québec quant à leur perception de leur sentiment d’efficacité et de satisfaction parentale.
Répartition des parents d’enfants de 0 à 5 ans selon le sentiment d’efficacité parentale et de satisfaction parentale
> Abitibi-Témiscamingue, 2015
|
Sentiment d’efficacité |
Sentiment de satisfaction parentale |
Plus faible |
17,9 % |
17,5 % |
Modéré |
65,3 % |
57,3 % |
Plus fort |
16,8 % |
25,2 % |
L’enquête indique des résultats en tout point similaires entre les parents de la région et ceux du Québec quant à la pression qu’ils s’imposent dans la façon dont ils prennent soin de leur progéniture. La très grande majorité des parents avouent s’imposer peu de pression (44 %), voire aucune (36 %), alors qu’un parent sur cinq reconnaît se mettre beaucoup de pression pour être un bon parent.
PARENTS STRESSÉS
Au quotidien, le cumul des responsabilités qu’ont à assumer les parents, le temps à accorder aux enfants ou encore le comportement difficile de certains d’entre eux comportent leur lot de situations génératrices de stress. À ce chapitre, les parents de la région se distinguent favorablement de ceux du reste du Québec, étant significativement plus nombreux, en proportion, à ne vivre aucune situation de stress fréquent (32 % cc. 26 %). Cela dit, à l’autre extrémité, 14 % des parents avouent vivre fréquemment des situations de stress, ce qui est une réalité similaire à celle de parents québécois.
SOUTIEN AUX PARENTS
Relativement au soutien du conjoint ou de la conjointe, 44 % des parents de la région affirment bénéficier fréquemment de trois formes de soutien. Qu’ils soient peu ou mieux soutenus, les résultats des parents de la région ne diffèrent pas de ceux du reste du Québec. À l’inverse, les parents de la région se distinguent favorablement quant au soutien régulièrement disponible de leur entourage. Ainsi, les deux tiers des parents (67 %) peuvent compter, en cas de besoin, sur deux sources de soutien et plus (grands-parents, parenté, amis et collègues, voisins). Cette part est de 59 % au Québec. Toutefois, plus d’un parent sur dix estime ne jamais bénéficier de soutien régulier de la part de son entourage (12 % cc. 18,5 %).
Répartition des parents d’enfants de 0 à 5 ans selon la disponibilité du soutien social provenant de l’entourage
> Abitibi-Témiscamingue, 2015
Utilisation des services et le besoin en information
Les parents de la région font un plus grand usage d’activités liées au développement de l’enfant ainsi que de services de soutien à la parentalité offerts par la communauté que ceux du Québec.
Au cours des douze derniers mois, plus de la moitié des parents de la région ont participé à deux types d’activités ou plus lié au développement de l’enfant qu’il s’agisse d’activités parents-enfants, d’activités sportives, de fêtes ou sorties familiales ou d’autres types d’activités. Inversement, un parent sur six n’a participé à aucun de ces types d’activités.
Du côté des services de soutien à la parentalité tels que les ateliers, cours ou conférences pour parents, les haltes-garderies ou haltes-répit, les cuisines collectives, les joujouthèques et comptoirs familiaux ou encore, les consultations individuelles, conjugales ou familiales, près d’un parent sur cinq a dit avoir eu recours à deux types ou plus d’activités. Inversement, plus de la moitié ont dit n’avoir utilisé aucun de ces types de services.
Répartition des parents d’enfants de 0 à 5 ans selon le nombre de types d’activités et de services utilisés au cours de l’année
> Abitibi-Témiscamingue, 2015
|
Développement de l’enfant |
Soutien à la parentalité |
Aucun type |
17,4 % |
50,7 % |
Un type |
27,4 % |
30,0 % |
Deux types ou plus |
55,2 % |
19,3 % |
Finalement, le besoin en information des parents de jeunes enfants ici ne semble pas aussi omniprésent que dans le reste du Québec. L’enquête révèle qu’environ 16 % des parents ont un besoin élevé d’information, alors que 22 % n’expriment peu ou pas de besoins généraux à cet égard. Les résultats démontrent que moins les parents sont scolarisés, moins leur besoin en information est élevé.
PORTRAIT DES PARENTS
Les caractéristiques socioéconomiques et les divers contextes de vie dans lesquels évoluent les familles peuvent influencer leur quotidien ainsi que la façon dont les parents assument leur rôle auprès de leurs enfants. Portrait des 900 parents témiscabitibiens au moment de l’enquête.
- Scolarité des parents
En Abitibi-Témiscamingue, le tiers des parents ont obtenu, comme plus haut diplôme, un diplôme de niveau secondaire. La moitié (49 %) détient un diplôme d’études postsecondaires, soit de niveau collégial (24 %) ou universitaire (25 %). Au Québec, cette part combinée atteint 65 %. Phénomène plus préoccupant ici, environ un parent sur cinq (18 %) ne possède aucun diplôme, ce qui représente une proportion deux fois plus élevée qu’au Québec.
- Structure de la famille
Dans la région, les trois quarts des parents de très jeunes enfants vivent dans une famille intacte, alors que 15 % vivent dans une famille recomposée. Un parent sur dix vit dans une famille monoparentale. L’importance en termes statistiques de la monoparentalité et de la recomposition familiale est plus grande ici que dans le reste du Québec.
- Situation socioéconomique
Trois parents sur quatre occupent un emploi, part similaire à celle des parents québécois. Côté revenu, environ un cinquième des parents vivent dans un ménage à faible revenu (19 %), ce qui représente une plus faible proportion que dans le reste du Québec (24 %). Quant à leur perception de leur situation économique, près de 80 % affirment avoir suffisamment de revenus pour subvenir aux besoins de leur famille. Il s’agit d’une proportion significativement supérieure à celle du reste du Québec (76 %).
1. Aux fins de l’enquête, les parents résidant dans une réserve indienne ou un établissement indien ont été exclus de la population visée.
Source : LAVOIE, Amélie et Catherine FONTAINE (2016). Mieux connaître la parentalité au Québec. Un portrait à partir de l’Enquête québécoise sur l’expérience des parents d’enfants de 0 à 5 ans 2015, Institut de la statistique du Québec.