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Transport
Sur le chemin du travail
― Mariella Collini
En Abitibi-Témiscamingue, 63 675 personnes qui occupaient un emploi devaient quitter leur domicile pour se rendre au travail en mai 2021, selon les données du recensement. Il s’agit d’un nombre légèrement moins élevé que cinq ans plus tôt, ce qui s’explique par les répercussions de la pandémie et des mesures sanitaires sur le marché du travail. Regard sur les habitudes de navettage1 en Abitibi-Témiscamingue.
En Abitibi-Témiscamingue, le véhicule privé (automobile, camion ou fourgonnette) demeure le mode de transport le plus largement utilisé2 par 55 355 personnes (87 %) appelées à se déplacer3 pour se rendre au travail. Cette proportion est plus élevée qu’au Québec (82 %). Parmi les personnes se déplaçant en véhicule privé, la grande majorité le fait en solo (76 %), alors que près de 9 % optent plutôt pour partager à plusieurs le même véhicule. Autrement, 2 % des personnes prenant place du côté passager sont les seules à se rendre au travail.
Quelque 5 180 travailleuses et travailleurs de la région (8 %) privilégient le transport actif, soit principalement la marche suivie loin derrière, du vélo. La part du transport actif dans la région est similaire à celle du Québec (7 %). L’utilisation du transport en commun par la main-d’œuvre demeure marginale, avec moins d’un millier de personnes, ce qui représente une proportion nettement inférieure à celle du Québec (1 % c. 9 %). Enfin, 2 285 personnes utilisaient un autre mode de transport (motocyclette, scooter, avion, etc.), soit une proportion deux fois plus élevée qu’au Québec (4 % c. 2 %). La proportion plus élevée pourrait s’expliquer par le navettage aérien (travailleuses et travailleurs du secteur minier, principalement).
Selon le genre
Parmi les personnes de la région qui se déplacent en automobile pour se rendre au travail, les femmes sont plus souvent passagères que les hommes (6 % c. 4,5 %). Elles optent aussi en plus grand nombre pour le transport actif (10 % c. 7 %), alors que les hommes sont plus enclins à utiliser un autre moyen de transport4 (6 % c. 2 %).
Selon les territoires de MRC
L’utilisation de l’automobile pour se rendre au travail domine largement partout dans la région. Les proportions oscillent entre 83 % (Abitibi-Ouest) et 89 % (Abitibi et La Vallée-de-l’Or). La plus faible propension à utiliser un véhicule en Abitibi-Ouest s’expliquerait par un plus grand recours au transport en commun5 (5 %) et aux autres moyens de transport (5 %), notamment par la main-d’œuvre masculine. Les MRC d’Abitibi et de La Vallée-de-l’Or enregistrent les plus fortes proportions de travailleuses et travailleurs seuls au volant pour se rendre au boulot. Inversement, le Témiscamingue et Rouyn-Noranda ont les plus fortes proportions de personnes qui optent pour le covoiturage.
Selon l’industrie
Les modes de transport utilisés varient également en fonction de l’industrie dans laquelle travaille la personne. Ainsi, la part modale des déplacements par l’automobile est élevée pour les travailleuses et travailleurs des industries de la construction, de la fabrication, du commerce de gros, de l’agriculture et de la foresterie, des transports ainsi que des services immobiliers. Quant aux personnes qui priorisent le transport durable (actif et commun), on les retrouve dans de plus grandes proportions au sein des industries des arts et spectacles, des services d’hébergement, de l’enseignement et du commerce de détail.
L’évolution des habitudes de navettage
La diminution du nombre de navetteuses et navetteurs enregistrée au moment du recensement, soit pendant la pandémie, s’explique en raison du virage vers le travail à domicile (encadré) et les pertes d’emplois dans certains secteurs où primait le contact direct avec la clientèle (restauration, vente au détail, autres services, etc.). Toutefois, la baisse du nombre de personnes qui font la navette (-2 %) dans la région6 est beaucoup moins élevée qu’au Québec (-13 %). Quant à celles et ceux qui devaient se rendre au travail, les mesures sanitaires visant à contrer la propagation de la COVID ont pu les inciter à modifier certaines de leurs habitudes (covoiturage, transport en commun, etc.).
Malgré de légères fluctuations dans le nombre de personnes par mode de déplacement en Abitibi-Témiscamingue, les habitudes de navettage pour se rendre au travail sont demeurées, dans l’ensemble, semblables à celles de 2016. Ainsi, on observe une proportion stable de navettage en automobile, en transport en commun ainsi qu’à vélo dans la région. Inversement, on observe de très légères variations pour celles et ceux optant pour la marche (-0,8 pt) ou utilisant un autre moyen de transport (+0,6 pt). L’un des plus grands changements s’observe au sein de l’habitacle de celles et ceux qui voyageaient en véhicule, alors que davantage de personnes étaient seules lors de leur trajet habituel vers le travail (76 % c. 73 %)7.
TRAVAILLER À LA MAISON
En mai 2021, près de 6 700 personnes travaillaient habituellement à leur domicile8, ce qui représente environ 10 % de l’ensemble de la main-d’œuvre de la région. Le nombre et la proportion de personnes qui travaillaient à domicile ont doublé par rapport à 2016. Les plus fortes proportions de personnes travaillant à domicile se concentrent dans les secteurs de l’information et de l’industrie culturelle (32 %), de l’agriculture et de la foresterie (26 %), des services professionnels (26 %) et des finances et assurances (24 %).
Principal mode de transport pour la navette pour la population active occupée âgée de 15 ans et plus
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, 2016 et 2021
|
Abitibi-Témiscamingue |
|||
2016 |
2021 |
|||
Total - Principal mode de transport pour la navette pour la population active occupée âgée de 15 ans et plus1 |
64 975 |
100,0% |
63 675 |
100,0% |
Automobile, camion ou fourgonnette |
56 545 |
87,0% |
55 355 |
86,9% |
Transport en commun |
785 |
1,2% |
850 |
1,3% |
À pied |
5 425 |
8,3% |
4 780 |
7,5% |
Bicyclette |
355 |
0,5% |
400 |
0,6% |
Autre moyen |
1 865 |
2,9% |
2 285 |
3,6% |
|
Ensemble du Québec |
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2016 |
2021 |
|||
Total - Principal mode de transport pour la navette pour la population active occupée âgée de 15 ans et plus1 |
3 672 440 |
100,0% |
3 194 325 |
100,0% |
Automobile, camion ou fourgonnette |
2 873 165 |
78,2% |
2 633 265 |
82,4% |
Transport en commun |
503 285 |
13,7% |
287 345 |
9,0% |
À pied |
205 350 |
5,6% |
178 645 |
5,6% |
Bicyclette |
54 625 |
1,5% |
40 420 |
1,3% |
Autre moyen |
36 015 |
1,0% |
54 645 |
1,7% |
Notes : Personnes occupées ayant un lieu habituel de travail ou sans adresse de travail fixe. Ce nombre exclut le travail à domicile et les personnes travaillant habituellement à l’extérieur du Canada. Données-échantillon (25 %). Contrairement aux recensements antérieurs, les questions sur le navettage s’adressaient aux personnes ayant un emploi pendant la semaine du 2 au 8 mai 2021, et non à un moment donné depuis janvier de l’année précédente. Les comparaisons doivent tenir compte de ce changement.
Source : Statistique Canada, Recensements de la population de 2016 et 2021.
Notes :
[1] Désigne le déplacement d’une personne entre son lieu de résidence et son lieu de travail. Les déplacements faits à d’autres fins (santé, éducation, loisirs, achats, etc.) ne sont pas inclus.
[2] Les personnes qui utilisaient plus d’un mode de transport devaient indiquer celui qui a servi à la plus grande partie du trajet. La question posée au moment du recensement ne permet pas d’obtenir les modes de transport selon les saisons.
[3] Personnes occupées ayant un lieu de travail habituel ou sans adresse de travail fixe. Le travail à domicile et les personnes travaillant à l’extérieur du Canada sont exclus.
[4] Motocyclette, scooter, avion, etc.
[5] Navettage vers la mine Casa Berardi.
[6] La MRC d’Abitibi-Ouest est la seule MRC de la région où le nombre de navetteuses et navetteurs a augmenté entre 2016 et 2021.
[7] En raison de changements apportés au questionnaire de recensement, il est difficile de comparer directement les estimations de 2021 en ce qui concerne le nombre de personnes dans le véhicule avec les données des recensements antérieurs (2016 et 2011).
[8] Les estimations des personnes qui travaillent à domicile dans le cadre du Recensement de 2021 reposent sur l’emploi principal et le lieu habituel de travail d’une personne. Comme d’autres enquêtes demandent au répondant le nombre d’heures travaillées à domicile, elles peuvent fournir des estimations plus élevées de la population qui travaille à domicile.