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Emploi et main-d'oeuvre
Question d'équilibre
— Valérie Shaffer
Sujet de plusieurs conversations, la rareté de la main-d’œuvre devrait se prolonger au cours des prochaines années. Mais dans quelle mesure et quelles professions seront les plus touchées? Pour 2023, on s’attend à ce que 32 professions soient en déficit de main-d’œuvre disponible en Abitibi-Témiscamingue et 45 autres en léger déficit. Dans l’ensemble du Québec, elles sont respectivement aux nombres de 27 et 90.
Chaque année, Emploi-Québec réalise des diagnostics à court et moyen termes pour 500 professions à l’échelle du Québec et pour chacune des régions administratives, selon les conditions actuelles du marché du travail. La capacité d’une province ou d’une région à poursuivre sa croissance économique et à assurer la prospérité de sa population repose en partie sur un marché du travail équilibré.
État d’équilibre
En Abitibi-Témiscamingue, sur les 500 professions à l’étude, plus de la moitié sont sans diagnostic. Sur les 233 professions avec diagnostic, 3 professions sur 10 seront en déficit en 2023. Ainsi, on prévoit que la main-d’œuvre sera insuffisante pour répondre aux besoins des employeurs dans 77 professions. Cela signifie que la situation est favorable pour celles et ceux qui disposeront des qualifications requises et seront en quête d’un emploi, alors que la situation sera plus délicate pour les entreprises et organisations à la recherche de main-d’œuvre. Au-delà des employeurs directement concernés, tous les acteurs du marché du travail seront interpellés pour accentuer leurs efforts afin d’accroître la quantité de main-d’œuvre dans ces professions (adéquation formation-compétences-emploi, formation en entreprise, etc.). Les stratégies à envisager devront être adaptées à la situation régionale. Pensons par exemple à la Santé et à l’Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux, deux secteurs qui seront particulièrement touchés par le déficit de main-d’œuvre, l’un pour lequel peu de formations sont offertes en Abitibi-Témiscamingue, et l’autre pour lequel les formations sont plus accessibles en région.
Par ailleurs, on compte 147 professions pour lesquelles il y aura autant de main-d’œuvre disponible que de postes à pourvoir. Ces professions offriront de bonnes perspectives d’emploi et les acteurs du marché du travail devront maintenir leurs efforts afin que la main-d’œuvre attendue (finissants du réseau scolaire, personnes immigrantes actives, etc.) soit présente en quantité suffisante. Enfin, la main-d’œuvre prévue sera plus nombreuse que les postes à pourvoir dans neuf professions. Ces dernières offriront des perspectives d’emploi limitées.
Répartition des professions selon leur diagnostic de main-d’œuvre disponible
> Abitibi-Témiscamingue et ensemble du Québec, diagnostic pour 2023
|
Déficit |
Léger déficit |
Total déficit et léger déficit |
Équilibre |
Léger surplus |
Surplus |
Sans diagnostic |
Abitibi-Témiscamingue |
32 |
45 |
77 |
147 |
5 |
4 |
267 |
Ensemble du Québec |
27 |
90 |
117 |
289 |
16 |
1 |
77 |
Note : Les diagnostics sont établis selon les conditions actuelles du marché du travail. En cas de changement de ces conditions, les diagnostics pourraient être différents.
Professions en déficit de main-d’œuvre disponible par groupe de profession
> Abitibi-Témiscamingue, diagnostic pour 2023
Groupe de profession |
Professions en déficit de main-d’œuvre disponible (incluant le code CNP) |
Gestion |
0821 Gestionnaires en agriculture |
Affaires, finance et administration |
1221 Agents/agentes d’administration
|
Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés |
2254 Technologues et techniciens/techniciennes en arpentage; 2232 Technologues et techniciens/techniciennes en génie mécanique 2281 Techniciens/techniciennes de réseau informatique 2233 Technologues et techniciens/techniciennes en génie industriel et en génie de fabrication |
Santé |
3214 Inhalothérapeutes, perfusionnistes cardiovasculaires et technologues cardiopulmonaires 3143 Ergothérapeutes 3142 Physiothérapeutes 3113 Dentistes 3219 Autres technologues et techniciens/techniciennes des sciences de la santé (sauf soins dentaires) 3131 Pharmaciens/pharmaciennes 3111 Médecins spécialistes 3112 Omnipraticiens/omnipraticiennes et médecins en médecine familiale 3413 Aides-infirmiers/aides-infirmières, aides-soignants/aides-soignantes et préposés/préposées aux bénéficiaires |
Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux |
4422 Agents/agentes de services correctionnels 4021 Enseignants/enseignantes au niveau collégial et autres instructeurs/instructrices en formation professionnelle 4033 Conseillers/conseillères en information scolaire 4031 Enseignants/enseignantes au niveau secondaire 4214 Éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance 4412 Aides familiaux résidents/aides familiales résidentes, aides de maintien à domicile et personnel assimilé 4032 Enseignants/enseignantes aux niveaux primaire et préscolaire 4151 Psychologues |
Arts, culture, sports et loisirs |
- |
Vente et services |
6322 Cuisiniers/cuisinières |
Métiers, transport, machinerie et domaines apparentés |
7522 Conducteurs/conductrices de machinerie d’entretien public et personnel assimilé 7246 Installateurs/installatrices et réparateurs/réparatrices de matériel de télécommunications 7311 Mécaniciens/mécaniciennes de chantier et mécaniciens industriels/mécaniciennes industriels 7511 Conducteurs/conductrices de camions de transport 7321 Mécaniciens/mécaniciennes et réparateurs/réparatrices de véhicules automobiles, de camions et d’autobus 7231 Machinistes et vérificateurs/vérificatrices d’usinage et d’outillage |
Ressources naturelles, agriculture et production connexe |
8612 Manœuvres en aménagement paysager et en entretien des terrains 8431 Ouvriers/ouvrières agricoles |
Fabrication et services d’utilité publique |
- |
Note. Selon la Classification nationale des professions (CNP).
Constats à l’échelle provinciale pour la période 2019-2028
- Sur les 1,4 million d’emplois à pourvoir, 4 sur 5 seront pour remplacer les postes laissés vacants en raison des départs à la retraite.
- La diminution de la population âgée de 15 à 64 ans réduira l’offre de main-d’œuvre.
- L’offre de main-d’œuvre proviendra des jeunes actuellement aux études (54 %), des personnes immigrantes (22 %), de la hausse anticipée du taux d’activité des personnes âgées de 15 à 64 ans (17 %) et des personnes âgées de 65 ans ou plus (8 %).
- La majeure partie des emplois créés seront hautement qualifiés[1], alors que le nombre d’emplois qualifiés[2] devrait légèrement augmenter et les emplois peu qualifiés[3] diminuer.
- Les groupes de professions qui devraient connaître la plus forte hausse du nombre d’emplois sont : Santé, Sciences naturelles et appliquées et domaines apparentés, et Enseignement, droit et services sociaux, communautaires et gouvernementaux. Le seul groupe de professions pour lequel une baisse du nombre d’emplois est prévue est celui des Ressources naturelles, agriculture et production connexe. L’amélioration de la productivité dans ces secteurs pourrait expliquer en partie cette situation.
Causes des difficultés de recrutement
Les principales causes des difficultés de recrutement diffèrent selon le niveau de compétence exigé. Dans le cas des professions hautement qualifiées, la principale cause est la main-d’œuvre insuffisante pour répondre à la demande. Quant aux professions qualifiées, la méconnaissance de ces professions et l’image négative du secteur ont été le plus souvent mentionnées. Pour ce qui est des professions peu qualifiées, les conditions de travail ainsi que salariales ont été les plus souvent citées.
Notes :
[1] Exigent habituellement un diplôme d’études universitaires ou collégiales.
[2] Exigent normalement un diplôme d’études professionnelles (DEP) ou un diplôme d’une école de métier.
[3] Requièrent habituellement un diplôme d’études secondaires (DES) à la formation générale ou moins.
Source : Ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, État d’équilibre du marché du travail – Diagnostics pour 500 professions – Édition 2019, 2020.
Article publié par l’Observatoire en mars 2020.