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Agriculture et agroalimentaire , Économie
Comptoir, terrasse et salle à manger
― Mariella Collini
Au cours des dernières années, le secteur de la restauration a vécu des bouleversements de toutes sortes. Qu’en est-il des plus récents chiffres disponibles en ce qui concerne le nombre d’établissements et l’emploi dans ce secteur? Que nous réservent les prochains mois?
ÉVOLUTION RÉCENTE
En début d’année 2022, l’Abitibi-Témiscamingue comptabilisait 257 établissements de restauration commerciale, que ce soit avec service complet (salle à manger), service restreint (au comptoir), services spéciaux (cantines, traiteurs) ou avec services de bar/brasserie. Il s’agit de 65 établissements de moins par rapport à février 2020. Au Québec, 3 666 établissements ont fermé définitivement leurs portes au cours de cette même période, ce qui représente selon l’Association des restaurateurs du Québec (ARQ), près d’un établissement sur cinq, une proportion identique à celle observée en Abitibi-Témiscamingue. Du côté de Restauration Canada, l’organisation évalue plutôt le nombre de fermetures à près de 3 800 au Québec.
Nombre et répartition des établissements de restauration commerciale
> Abitibi-Témiscamingue, février 2020 et janvier 2022
Source : Association des restaurateurs du Québec.
Selon l’Enquête sur la population active (EPA), le secteur de la restauration donnait du travail à environ 2 900 personnes en 2021 en Abitibi-Témiscamingue, ce qui représente un volume légèrement plus élevé qu’en 2020, mais moindre que ceux enregistrés dans les années antérieures. En fait, le secteur a connu une diminution du nombre d’emplois, passant d’une moyenne de 3 633 emplois pour les années 2016-2018 à 2 767 pour 2019-2021. En 2021, la restauration représentait 6 % des emplois du secteur des services et 4 % de l’ensemble des emplois de la région, comparativement à 7 % et 5 % en 2016. Il est important de rappeler que l’EPA comprend les personnes âgées de 15 ans et plus: elle exclut donc le personnel plus jeune qui tend à s’intégrer au marché du travail dans certains secteurs des services, dont celui de la restauration.
Du côté de l’Enquête sur les postes vacants et les salaires (EPVS), sur les 4 240 postes vacants au 4e trimestre 2021, tous secteurs confondus, 560 concernaient le secteur de la restauration, soit 13 % de l’ensemble des postes vacants, mais le tiers de ceux du secteur de la vente et des services. L’Enquête précise qu’environ 130 postes vacants requéraient des cuisinières et cuisiniers et 430, des serveuses et serveurs au comptoir et des aides de cuisine. Il appert aussi que la pression sur le recrutement s’est accrue au cours des derniers trimestres, avec des volumes de postes vacants ayant doublé pour certains métiers. La grande majorité des postes vacants – plus de 9 sur 10 – sont en recrutement constant.
PERSPECTIVES
Il est difficile de prévoir les conditions dans lesquelles évoluera le secteur de la restauration d’ici les prochains mois. Voici brièvement certains facteurs économiques possiblement favorables à la restauration, mais aussi un certain nombre pouvant en ralentir la croissance.
Facteurs favorables à la demande pour les services de restauration :
> Retour partiel ou complet des télétravailleuses et télétravailleurs dans les entreprises;
> Réouverture des frontières aux touristes internationaux;
> Reprise des événements en présence (colloques, festivals, etc.) et du tourisme d’affaires.
Facteurs défavorables :
> Pénurie de main-d’œuvre, notamment pour des serveuses et serveurs au comptoir, aides de cuisine et personnel de soutien assimilé ainsi que cuisinières et cuisiniers, selon les plus récents diagnostics de court (2022) et de moyen termes (2025) d’Emploi-Québec;
> Inflation, notamment la hausse du prix des aliments, de l’énergie, du transport, des coûts de l’emballage, etc. ;
> Fin des programmes d’aide gouvernementaux et endettement;
> Concurrence et multiplication des options de repas préparés (du midi et du soir, notamment).
Au nombre des opportunités et des pistes de solution :
> Amélioration des conditions de travail pour l’attraction et la rétention : flexibilité dans les heures de travail; reconnaissance, par l’intermédiaire du salaire et la présence d’avantages sociaux; formation en entreprise pour offrir de nouvelles opportunités de carrière à l’interne.
> Appropriation des nouvelles technologies (réservation, livraison, carte fidélité virtuelle, etc.).
> Possibilité de recruter davantage à l'étranger grâce au retour en février dernier de plusieurs métiers de la restauration sur la liste des postes admissibles au traitement simplifié du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) (cheffe et chef, cuisinière et cuisinier ainsi que directrice et directeur de la restauration).
Sources :
Association des restaurateurs du Québec, demande personnalisée et ARQ Stats, mars 2022.
Statistique Canada, Enquête sur la population active, commande spéciale d’Emploi-Québec et traitement et compilation de l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue.
Statistique Canada, Enquête sur les postes vacants et les salaires, données personnalisées.
Desjardins, Restauration commerciale : le calme après la tempête, vraiment?, 2022 et La restauration commerciale : chaud devant!, 2018.
Veille de tourisme en collaboration avec Observatoire Valaisan du Tourisme, Pénurie de main-d’œuvre : les leviers d’action de l’hôtellerie-restauration, mai 2022.
Direction de l’analyse et de l’information sur le marché du travail Emploi-Québec, État d’équilibre du marché du travail à court et moyen termes diagnostics pour 500 professions – Édition 2021, 2022.