L'Observatoire de l'Abitibi-Témiscamingue

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Emploi et main-d'oeuvre

S'éloigner pour travailler

— Nancy Ross

Le navettage aéroporté (fly-in/fly-out), une formule de travail intermittente selon laquelle les personnes doivent prendre l’avion pour se rendre à leur travail et revenir à leur domicile, est bien présent en Abitibi-Témiscamingue. Voici un survol des avantages et des inconvénients pour les personnes qui la pratique, leurs familles et la communauté qui les accueille.




Plus fréquent dans l’industrie minière, le navettage aérien (fly-in/fly-out) est habituellement proposé selon la formule de 14 jours ou de 21 jours de travail et de 14 jours ou de 7 jours de repos2. D’après les résultats d’un sondage auprès des entreprises minières et d’Hydro-Québec qui ont recours à ce mode de travail, plus de 5 000 personnes le pratiqueraient au Québec, majoritairement dans les régions de l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord et le Saguenay–Lac-Saint-Jean1.

Des avantages… et des inconvénients
Une étude menée auprès de personnes participantes (personnel, actrices et acteurs du milieu et familles) résidant à Val-d’Or2 souligne plusieurs avantages, dont le premier est d’ordre financier, puisque le salaire est un incitatif majeur. Les personnes répondantes soulignent également la qualité des services et des installations, le soutien de leurs employeurs, l’entraide mutuelle ainsi que l’ambiance de travail. En outre, plusieurs personnes participant à l’étude apprécient le fait de bénéficier de vacances prolongées. Malgré tout, la majorité des personnes sondées affirment qu’elles abandonneraient ce mode de travail si elles trouvaient un emploi à Val-d’Or leur offrant les mêmes conditions salariales. La communauté d’origine tire profit financièrement de ce type de travail aux revenus élevés, mais également du transit de marchandises destinées aux sites miniers nordiques.

Au nombre des désavantages, les personnes participantes aux études évoquent des problématiques liées à l’éloignement, à la dynamique de vie de couple et à la conciliation travail-famille. Une récente étude, dont la majorité des personnes répondantes provenait de l’Abitibi-Témiscamingue, documente les problématiques de santé mentale que peuvent vivre certains hommes3, dont les jeunes hommes, un groupe plus vulnérable aux problèmes de santé mentale et moins susceptible de demander de l’aide psychologique. Pour sa part, l’étude précédente impliquant des personnes de Val-d’Or note des désavantages pour la communauté d’origine qui peut être affectée par la pénurie de main-d’œuvre dans les autres domaines d’activité, le manque d’implication communautaire des personnes pratiquant ce type d’emploi et la baisse du taux de diplomation postsecondaire, les jeunes préférant se diriger rapidement vers ce type d’emploi bien rémunéré après leur formation professionnelle, malgré la présence d’un cégep et d’une université dans la communauté2.

Sources : 1. Martin Simard, Emma Maltais et Carl Brisson, Le navettage aérien dans le Nord du Québec. Espace populations sociétés, 2019; 2. Francis Lévesque et Danny Baril, Cohabiter avec le navettage aéroporté : le cas de Val-d’Or en Abitibi-Témiscamingue. UQAT. 2020; 3. Oscar Labra, Christel Brouillette, et Tommy Cousineau, Fly-in/fly-out : les hommes québécois et le travail loin du domicile, UQAT, 2021.

 

 



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